Parmi les milliers d’items mis en ligne par le musée de Bretagne[1] – dessins, estampes, affiches, cartes et plans, cartes postales, imprimés, tirages photographiques et négatifs – qui touchent tant à l’histoire, à l’archéologie et à l’ethnographie, des ensembles de documents sont issus de collections constituées dans un but historique ou patrimonial précis. C’est le cas de 462 documents collectés entre la fin des années 1910 et la fin des années 1930 par le Rennais Émile Richier. Si ces documents sont utiles pour voir les transformations de la ville de Rennes, la collection en elle-même est une source historique révélatrice des choix faits en matière de conservation de l’architecture et du paysage urbain au 19ème siècle et durant la première moitié du 20ème siècle. En effet, l’histoire de la constitution de cette collection révèle tout aussi bien les conditions de création des images que le message qu’elles étaient susceptibles de véhiculer en leur temps.
Une collection sur Rennes
Émile Richier (Rennes, 23 août 1869 – 18 juillet 1954) appartenait à une importante famille d’entrepreneurs[2] qui ont contribué à transformer et à façonner la ville de Rennes tout au long du 19ème siècle et de la première moitié du 20ème siècle. Avec son frère Paul (Rennes, 29 février 1864 – 21 mars 1941), géomètre-expert, ils s’intéressaient à l’histoire, au patrimoine et au paysage architectural de Rennes. En juin 1917, il intègre la société d’archéologie d’Ille-et-Vilaine[3]. Il est présenté par le trésorier de la société Henri Delalande (Rennes, 7 décembre 1858 – Mur-de-Bretagne, 4 juin 1931)[4] et l’architecte Georges Nitsch (Rennes, 23 juin 1866 – 11 juin 1941)[5], lui-même nouvellement titularisé[6].
Lors de la séance du 19 février 1918, il montre aux membres de la société une « photographie récente de la Croix de la Mission (offerte au Musée [[7]]), prise du même point que la gravure de M. De Monthuchon (1817) qu’il présente en rapprochement, pour montrer l’état de ce coin de la ville de Rennes à cent ans d’intervalle »[8].


La gravure montre la cérémonie de l’érection d’une croix – aujourd’hui connue sous le nom de « Croix de la Mission » sur la place qui se situe à l’angle des rues Nantaise et de la Monnaie le 14 février 1817[9]. Le but était de laisser dans le paysage rennais le souvenir du séjour des missionnaires de France qui étaient restés dans la ville six semaines au début de l’année 1817 pour y restaurer la pratique religieuse. En 1889, le catalogue des « Magnifiques estampes sur la Bretagne » du périodique Le Glaneur breton, explique que « cette curieuse gravure, qui était très populaire à Rennes à l’époque de la Restauration, est aujourd’hui fort rare. Lors de la vente de la Bibliothèque Nicolas qui eut lieu à Rennes en 1885, un exemplaire en assez mauvais état fut vendu 26 francs »[10]. Son auteur est probablement Jacques Louis Henri Michel de Monthuchon (Coutances, 30 septembre 1759 – Rennes, 29 mars 1852)[11], domicilié de droit à Monthuchon et de fait à Rennes, recensé rue Basse en 1831 et 1843[12] avec son beau-frère Ernest Louis Albert de Bonnescuelle d’Orgères (Lille, 28 janvier 1779 – Rennes, 5 avril 1859) et son fils Louis Charles Jules Michel de Monthuchon (Monthuchon, 4 avril 1803 – Rennes, 17 janvier 1863) qui devient membre de la société d’archéologie d’Ille-et-Vilaine en 1845[13]. Le Musée de Bretagne conserve des reproductions d’un dessin signé par de Monthuchon en 1814 titré « Vue d’une partie de la ville de Rennes prise de la rue Basse ».

Dans sa présentation de la gravure de 1817, Richier s’intéresse surtout à l’étude des similitudes et des différences avec un cliché contemporain pris au même endroit afin de voir l’évolution du lieu. Il applique déjà en quelque sorte les principes de la reconduction photographique[14]. Le cliché est de Marie Adolphe Auguste Le Couturier, dit Auguste Le Couturier (Lisieux, 13 août 1853 – Rennes, 18 juillet 1938)[15]. Il est l’auteur d’au moins quatorze photographies de la collection Richier. Il était installé dès 1876 comme libraire et doreur-relieur 6 rue Lafayette à Rennes, jusqu’à ce qu’il fasse faillite en 1903 car il préférait s’adonner à la photographie. En 1905, il s’installe comme photographe 47 boulevard de la Tour-d’Auvergne. Il faisait des portraits, mais également « des agrandissements, des vues d’intérieurs et de monuments, des reproductions de photographies, tableaux, gravures, objets d’art, plans, travaux sur chantiers pour expertises »[16], ainsi que des clichés pour cartes postales.

Le Couturier est vraisemblablement l’auteur de la photographie de l’ancien temple maçonnique rue des Carmes. Il s’agissait d’une grande et longue pièce d’axe ouest-est qui était peut-être une salle d’étude, de lecture ou la salle capitulaire du couvent des Carmes, qui avait été transformée au 19ème siècle en loge maçonnique. Émile Richier devait bien connaître l’existence et le rôle de ce bâtiment car son grand-père Pierre Paul Richier (1801-1877) était franc-maçon du Grand Orient de France à Rennes[17].

Un certain nombre des photographies de la collection dont les créateurs sont « anonymes » doivent être soit d’Émile, soit de Paul Richier, en particulier celles qui montrent la rue de Redon où se trouve le domicile d’Émile (au numéro 36) et la rue d’Inkermann où demeurait Paul (au numéro 24).

Paul Richier était membre de la Société photographique de Rennes. Lors de l’exposition de 1934, ses clichés sur la ville sont remarqués et exposés au côté de ceux de Nitsch[18], président de la société photographique depuis 1923. L’architecte a sans doute été un proche des deux frères, partageant avec eux sa passion pour l’histoire du patrimoine de Rennes. Nitsch était connu pour ses ouvrages et ses conférences illustrés de photographies consacrées aux monuments et aux vieux quartiers rennais. La collection Richier compte plusieurs de ses photographies : treize seulement sont clairement identifiées. Celles de l’hôtel-de-Ville et du palais du Parlement sont sûrement de lui. La plupart des documents de la collection sur ces deux monuments – photographies, dessins, gravures, plans- sont présentés comme de Nitsch ou de sa collection dans son livre « L’Hôtel de Ville, la Tour de l’Horloge, le Présidial de Rennes, notes historiques »[19], publié par Larcher en 1928, et celui qu’il a écrit en 1932 avec Xavier d’Haucourt (Fougères, 21 août 1865 – Rennes, 12 décembre 1942)[20] sur le Palais de Justice de Rennes et la Cour du Parlement de Bretagne[21].

D’après le compte-rendu de la séance de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine du 9 décembre 1924, Nitsch est l’auteur de photographies prises suite à l’incendie de l’ancienne chapelle du Calvaire de Cucé. Ce jour-là, l’abbé Louis-Marie Raison (Rennes, 7 mars 1865 – 7 décembre 1943) « entretient la Société de l’incendie récente de l’ancienne chapelle du Calvaire de Cucé, il dit le regret général pour la perte artistique que vient de faire notre cité. Il fait circuler le beau livre de M. L’abbé Mathurin et fait ressortir l’ensemble de photographies magnifiques, prises au moment où cette église était transformée en dépôt de marchandises. M. Nitsch propose de profiter de l’état actuel du monument pour faire prendre de nouvelles photographies, chose importante, M. Mathurin n’ayant pu faire prendre toutes les sculptures en raison de l’utilisation de la chapelle. On émet le vœu que la Municipalité achète, pour le Musée, certaines de ces sculptures. M. le Président [Barthélémy Pocquet du Haut-Jussé (Rennes, 1er décembre 1852 – Cesson, 16 octobre 1926] charge M. Nitsch de ces démarches et des prises de vues photographiques. »[22] Malheureusement, la comparaison entre les clichés pris par Nitsch suite au sinistre[23] et ceux de la collection Richier ne permet pas d’affirmer que ses derniers sont de l’architecte. Dans le Vieux Rennes[24] de Paul Banéat (Rennes, 5 octobre 1856 – 22 mai 1942), la photographie datée du 8 août 1925 de l’extrémité sud de la Communauté des Calvairiennes est juste légendée comme appartenant à la collection Richier, rien ne laisse donc penser avec certitude qui est l’auteur.

De même, la lecture des comptes rendus de la société archéologique à propos de la conservation de la façade de la caserne Saint-Georges[25] suite à l’incendie du 5 août 1921 ne donne pas d’indice clair sur l’auteur des photographies rassemblées par Émile Richier.

Certains clichés « anonymes » ont été pris lors de sorties de la Société archéologique[26]. La photographie du chêne d’Henri IV, dit également chêne de Sainte-Foy[27], où il est facile de reconnaître Paul Banéat, a été prise lors de la sortie du 12 juin 1923[28].

Même si Émile Richier a rassemblé de nombreux travaux photographiques de ses contemporains, une grande partie de la collection est constituée de photos prises à la fin du 19ème siècle par le photographe Jacques Désiré Fénaut, dit Désiré Fénaut (Saint-Thierry, 8 septembre 1832- Rennes, 25 octobre 1909)[29], membre de la société photographique de Rennes qui avait travaillé jusqu’à son décès en étroite collaboration avec certains membres de la société archéologique, plus particulièrement le conservateur du Musée archéologique et ethnographique de Rennes, Paul Banéat. Il est possible de déterminer clairement quelles photos sont de lui car des exemplaires avaient déjà été déposés « à titre gracieux » pour enrichir le catalogue du Musée entre 1908 et 1909[30].

La plupart des photographies de Le Couturier, de Colombo, de Fénaut et de Nitsch, ainsi qu’un certain nombre des clichés anonymes et d’items attachés à la collection Richier, comme les gravures[33], ont été utilisés pour illustrer la troisième édition du Vieux Rennes de Paul Banéat dont le but est « de sauver de l’oubli les rues et les monuments disparus et de relever les rares vestiges qui subsistent encore »[34]. La première édition de l’ouvrage est un tiré à part du Bulletin de la Société archéologique paru en 1904 chez Plihon, en un volume in-8° de 304 pages avec un plan. La seconde édition illustrée, de format grand in-8°, a été publiée en 1910 chez le même éditeur. La troisième édition, contenant des illustrations différentes, a été donnée par Larcher en 1926[35]. Les travaux de recherche iconographique menés par Émile Richier ont eu un rôle important dans l’enrichissement de l’illustration de la troisième version du Vieux Rennes, pourtant la collection Richier ne semble pas avoir été conçue à l’origine pour illustrer cet ouvrage en particulier.
Le projet « Lorette »
En effet, lors de la séance du 15 février 1921, alors que « plusieurs membres de la Société d’archéologie d’Ille-et-Vilaine regrettent que l’Album des Souvenirs de Rennes de Ducrest de Villeneuve, contenant des vues dessinées par Lorette, ne soit pas plus répandu »[36], Émile Richier « communique l’idée de faire un album contenant d’un côté la vue de Rennes de Lorette, datant de 1840, et de l’autre côté la vue actuelle de Rennes cette initiative est l’objet de souhaits de bonne réussite et une commission de trois membres (MM. Banéat. Harscouët de Kéravel et l’abbé Mathurin) est nommée pour étudier avec M. Richier les conditions dans lesquelles le patronage demandé à la Société pourra être donné à cette œuvre »[37].
Les Souvenirs de Rennes font partie de l’Album Breton édité par souscription à partir du 1er mai 1841 en format in-4°. L’ouvrage a été publié par livraison de quatre lithographies jusqu’en 1943. Complet il contient 102 pages de texte par Émile Ducrest de Villeneuve (Janzé, 20 juin 1795 – Rennes, 5 septembre 1867) et 102 illustrations dont 98 lithographies par Hyacinthe Lorette (Rennes, 17 janvier 1794 – Saint-Servan, 19 août 1872) qui se décomposent ainsi : 49 vues pour Rennes, 17 pour l’arrondissement de Saint-Malo, 26 pour les restes du département d’Ille-et-Vilaine et 6 pour les Côtes-du-Nord. Ducrest-Villeneuve était fonctionnaire de l’enregistrement. Il est surtout connu pour avoir été collaborateur du Lycée Armoricain[38], ainsi que comme correspondant de la Société Archéologique des Côtes-du-Nord et de la Société Royale Académique de Nantes. Il a également à son actif quelques publications qui attestent un désir de mettre en valeur les richesses historiques de Rennes et du département d’Ille-et-Vilaine dont un Guide historique et statistique du département d’Ille-et-Vilaine[39], publié en 1847 chez Landais et Oberthür, qui contient des monographies communales classées par arrondissements et cantons. Hyacinthe Lorette, quant à lui, était peintre et dessinateur, professeur à Saint-Servan, membre de la Société libre des Beaux-Arts[40]. Pour la première série de l’Album Breton, ses lithographies de Rennes ont été sorties des presses de la maison Landais, alors que celles de la deuxième série ont été imprimées par la maison Landais et Oberthür. Les lithographies de la treizième livraison sont légèrement teintées en bleu, alors que celles des quatorzième et quinzième livraisons sont colorées en ocre.
Ducrest-Villeneuve explique que l’Album Breton est entièrement déterminé par le sentiment d’une perte certaine, celle du vieux Rennes. Dès la première page, il invite son lecteur à une promenade artistique « dans le Vieux Rennes, dont tant de vestiges disparus vont s’accroître de ceux que doit bientôt nous enlever les mains heureusement et incessamment créatrices de nos édiles modernes. Etudions les monuments qui vont nous quitter, recueillons les souvenirs de ces vieillards, avant qu’ils ne les emportent dans la tombe […] ils nous diront où sont nos origines où est la raison de ce qui se fait encore aujourd’hui. Ce coup d’œil rétrospectif, ces conversations en arrière ne sont pas sans charme et sans fruit, vous l’avez éprouvé plus d’une fois, s’il vous est arrivé de fouiller quelqu’une de ces mémoires de centenaires vivantes annales du siècle écoulé, et sur le front desquels chaque ride est l’empreinte d’un souvenir. Notre antique cité renaîtra ainsi pour nous aux diverses phases de son existence, les lambeaux du costume de l’aïeule la feront revivre à nos yeux. »[41] Quelques pages après, il ajoute que les « lithographies seront le seul recueil où se reproduira vivante la physionomie de l’ancienne ville, comme les traits des aïeux dans la grand’salle de quelque vieux castel. Aussi les Souvenirs de Rennes, pour être complets, ne veulent-ils surtout négliger rien de ce qui existe »[42]. C’est donc parce que certains objets architecturaux menacent de disparaître qu’une documentation visuelle a été entreprise, mais pas un instant, Ducrest-Villeneuve ne suggère que les démolitions pourraient être freinées, ni que l’Album Breton est un appel à l’entretien ou à la préservation. Au 19ème siècle, l’élan conservatoire est plus complexe qu’il n’y paraît : la volonté de sauvegarder un patrimoine menacé, toute profonde qu’elle ait été, n’a pas toujours amené à se battre pour la préservation réelle des objets montrés et à concevoir les images comme des instruments pour convaincre de cette nécessité. Les œuvres visuelles ne sont pas pensées comme des incitations à la conservation : elles sont cette conservation. En ces décennies de modernisme triomphant, la destruction de l’ancien et le changement permanent sont perçus comme une forme de fatalité, la contrepartie d’un progrès qu’il n’est pas question de remettre en cause. Il en est ainsi en 1840 pour Ducrest-Villeneuve et dans les années 1850 pour les membres de la Société d’archéologie d’Ille-et-Vilaine, qui après des appels à la documentation de sites rennais menacés par des travaux pensent qu’il ne faut pas condamner l’évolution de la ville[43]. Ils considèrent que leur devoir se limite à transmettre à leurs descendants l’image du paysage de leur temps de façon artificielle, à travers les traces sur papier.
Lors de la séance du 10 mai 1921 une commission « composée de Messieurs Banéat, Harscouët de Keravel, Mathurin et Richier »[44] est chargée d’étudier le projet de réédition de l’Album Breton[45]. Mais, même si un certains nombres d’items de la collection Richier ont bien été rassemblés pour illustrer cet ouvrage, il est avéré que ce projet, né du constat de la perte de nombre d’ouvrages illustrés qui ont témoigné d’époques révolues et qui ont aidé à comprendre la transformation de la ville à travers les siècles, n’a pas abouti.
Le Musée de Bretagne conserve toujours plusieurs exemplaires des lithographies de Lorette rassemblés au début du 20ème siècle au Musée archéologique auxquels Richier a pu avoir facilement accès. Il est donc possible d’avoir un aperçu de l’iconographie de l’album qu’il avait imaginé.


Richier a également recherché d’autres gravures et images de Rennes datées du 19ème siècle pouvant être mises en confrontation avec des photographies contemporaines, comme celle du passage des Carmélites[46] de l’aquafortiste Alfred Briend (Matignon, 10 mai 1834 – ?), datable de 1876[47]. Cette eau forte offre un point de vue différent de celui du dessin de Lorette, mais identique à celui du tableau « Vue d’un passage des Carmélites »[48] fait en 1864 par Louis Adolphe Hervier (vers 1818 – 18 janvier 1879) et celui qui se retrouve dans le dessin « L’ancien couvent des Carmélites à Rennes » de l’artiste Hercule Louis Catenacci (Ferrare, 9 août 1814 – Paris, 12 mai 1884) publié en mars 1880 dans un article du Magasin Pittoresque[49].


Le dessin de la cathédrale de Rennes de la collection Richier est une copie de celui de Lorette et peut être mis en comparaison avec une photographie prise par Désiré Fénaut en 1886.


Apparemment, Richier souhaitait commencer son ouvrage par des vues générales de Rennes, les gravures pouvant être confrontées les unes aux autres.


Conserver le souvenir de la parure du vieux Rennes
Certaines images de la collection Richier sont la seule trace de conservation de monuments, de constructions et d’œuvres aujourd’hui disparus. C’est le cas de la photographie « anonyme » inventoriée sous le numéro 956.0002.827 qui montre le Château Branlant ou Maison de Cadet Roussel, « curiosité de la ville »[50] qui était près du pont Saint-Martin. Elle a été prise le 19 juin 1934 suite à l’article du journal Ouest-Éclair du 15 juin titré « Le Château-Branlant va-t-il disparaitre ? » et celui du 16 juin qui conseillait « que les touristes, amateurs de vieilles choses, se hâtent d’aller voir et photographier ou peindre le « Château Branlant ! » Car il est probable qu’il n’ornera plus très prochainement, les bords de la vieille rivière d’Ille. Le « Château-Branlant » est menacé. Nous l’avons dit. Car les démolisseurs se sont attaqués à la maison voisine sur laquelle il s’appuie »[51]. Impossible de dire si le cliché a été pris par Émile Richier, mais il l’a été en temps et en heure pour conserver l’image de la bâtisse avant son effondrement[52].

Richier a été le contemporain de nombreux changements dans la physionomie de Rennes. Il constitue sa collection au moment où la presse locale parle beaucoup du vieux Rennes qui s’en va. Durant les années 1920, l’expression est surtout utilisée pour titrer des articles du journal l’Ouest-Éclair annonçant des démolitions.
Comme au 19ème siècle, garder des images de ce qui va disparaître devient important. Les vieux quartiers attisent l’intérêt des artistes. Le 6 septembre 1925, le quotidien annonce que « deux artistes de talent, MM. Denoncle et Maréchal, exposent chez Jobbé-Duval, rue Victor-Hugo, une série de dessins et d’aquarelles se rapportant pour la plupart au Vieux Rennes qui s’en va. Le public verra avec intérêt ces œuvres qui, outre leur valeur artistique, ont une réelle valeur documentaire »[53]. Pendant les années 1920 et 1930, la galerie Jobbé-Duval 13 rue Victor Hugo expose régulièrement des œuvres pour « les amateurs du Vieux Rennes, non seulement de celui qui s’écroule, sous nos yeux, mais encore des monuments et quartiers depuis longtemps disparus »[54]. Peintres, graveurs, aquarellistes s’emparent du sujet qui devient presque un thème imposé dans une carrière artistique à Rennes. Dans un compte-rendu sur la 38ème exposition artistique de Bretagne, Léon Le Berre (Ergué-Armel, 30 septembre 1874 – Rennes, 4 décembre 1946) écrit que « Marcel de Jaegher[[55]] nous donne de très parlantes et simples aquarelles du vieux Rennes, des vieilles maisons de la place Saint-Aubin et de la rue Derval. Nous ne pensons pas lui déplaire en apparentant sa manière à celle de Pierre Galle [[56]], dont les aquarelles sur les vieux quartiers […] de Rennes, nous ravissent »[57].
Dans nombres d’exemplaires de l’Ouest-Éclair des années 1930, des petits articles accompagnés de photographies montrent des bâtiments en voie de destruction.
Du 15 janvier au 10 août 1933, une étude est publiée sur ce qui reste du vieux Rennes avec des textes de Léon Le Berre et 172 photographies de Georges Bourges ( ?-après 1951) chef des services de photogravure du journal. Il s’agit de montrer les « richesses architectoniques que recèlent encore les vieilles cours et quelques anciennes maisons qui semblent pourtant vouées à une destruction prochaine. Les progrès de l’urbanisme et les services d’hygiène paraissent l’exiger, au grand chagrin des archéologues et des nombreux amateurs d’antiquités qui se lamentent »[58]. L’ensemble des articles sont rassemblés en 1934 dans un album in-4° grand format à l’italienne sur papier surglacé, décrit comme « un document de grande valeur, un témoin irrécusable du passé »[59].
Quelques clichés collectés par Richier montrent les mêmes lieux que ceux photographiées par Bourges, parfois avec le même angle de prise de vue.

Voir : Le Berre (L.), Bourges (G.), La Parure du vieux Rennes, Rennes, Ouest-Éclair, p.23.
De nombreuses photographies d’auteurs « anonymes » dans la collection montrent des œuvres déplacées, des monuments détruits par le feu et des bâtiments qui vont être abattus ou modifiés dans le cadre de travaux programmés. D’autres, au contraire, ont pour sujet des constructions neuves, comme la piscine Saint-Georges, inaugurée en 1926 ou les nouveaux jardins de la place du Palais terminés en 1935.

Richier utilise les photographies comme Ducrest-Villeneuve les dessins de Lorette : le but est d’avoir des souvenirs de la pittoresque vieille ville de Rennes, des documents pour étudier le paysage urbain de Rennes, mais également pour laisser une trace des réalisations artistiques et patrimoniales en lien avec les lieux emblématiques de l’histoire de la ville.
Outre l’architecture, quelques clichés témoignent de pratiques locales promises à la disparition, comme la photographie prise avant 1899 par Georges Nitsch place de la mission. Si ce cliché permet de restituer l’aspect des lieux avant la construction par Emmanuel Le Ray (Rennes, 17 novembre 1859 – 28 novembre 1936) de l’immeuble Desille à l’angle de la rue de la Monnaie et du quai Duguay-Trouin, il est un rare document qui montre « la place de la Dèche » avec son marché aux puces dont l’interdiction est annoncée par la presse en janvier 1909[60].
Émile Richier a rassemblé une matière iconographique importante qui a été utilisée dans diverses publications sur Rennes, mais il a surtout créé une collection qui témoigne des mutations de la ville et permet de conserver le souvenir de nombres de bâtiments et de quartiers aujourd’hui disparus. Quelques séries de photos restent à étudier de plus près, mais la plupart ont trouvé leur place dans la collection à des moments marquants de la transformation de Rennes. Acteur de la modernisation de la ville, Émile Richier n’en a pas moins été un artisan de sa conservation par l’image.
Sophie Chmura.
Avril 2019.
[1] http://www.collections.musee-bretagne.fr/message_info.php
[2] Petit-fils de Pierre Paul Richier (Rennes, 14 décembre 1801-10 mars 1877) et fils de Paul Louis Auguste Richier (Redon, 7 septembre 1830 – Rennes, 27 avril 1896).
[3] Séance du 3 avril 1917, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1918, p. XIII.
[4] Officier de l’Instruction publique, administrateur de la Banque de France, Vice-président honoraire de la Chambre de Commerce, Ancien président du Tribunal de Commerce, Membre de la société d’archéologie d’Ille-et-Vilaine depuis 1910, « Monsieur Delalande était universellement connu et estimé à Rennes, dont il était originaire et où toute son existence s’est déroulée. Directeur, pendant de longues années, d’une importante entreprise industrielle dont il assura par son intelligence et son labeur la prospérité, il occupa les plus hautes situations, notamment de président du tribunal de commerce et de vice-président de la Chambre de Commerce. Sans abandonner complètement les affaires, il avait en ces dernières années, consacré le meilleur de son activité à des études qui lui étaient chères. Musicien remarquable, à la compétence et à l’amabilité duquel on ne faisait jamais appel en vain, il fut l’un des animateurs de la Société des Concerts ; il était resté membre de la Commission de surveillance et vice-président du Cercle Mozart. Cet homme de bien, de grand cœur et de haute intelligence, avait voué un véritable culte à sa chère Bretagne », in Ouest-Éclair, 6 juin 1931.
[5] « Architecte de profession, Georges Nitsch (1866-1941) fait partie de cette génération d’amateurs éclairés qui pratiquent activement la photographie et ont à coeur de la faire connaître. Homme dynamique aux centres d’intérêts multiples, il est très impliqué dans la vie culturelle rennaise, tout en assurant la présidence de la Société photographique de Rennes à partir de 1927. Il contribue d’ailleurs à redonner une impulsion à la vie de cette société, qui s’est trouvée mise à mal au lendemain de la Première Guerre mondiale : Nitsch organise des projections, des conférences et une exposition annuelle destinée à faire connaître les travaux des sociétaires. La collection Nitsch du musée de Bretagne, reçue en don en 1976, est riche de près de 3 000 images (négatifs & tirages) » : Durieux (P.), Georges Nitsch architecte et photographe, Les collections photographiques du Musée de Bretagne, Lyon, Fage Éditions, 2015, 117 p.
[6] Séance du 8 mai 1917, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1932, p. XVI.
[7] Il s’agit du Musée municipal d’archéologie fondé en 1852 par la Société d’archéologie d’Ille-et-Vilaine, ancêtre du Musée de Bretagne. Les collections du Musée d’archéologie étaient constituées par les dons des sociétaires à titre de dépôt.
[8] Séance du 19 février 1918, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1919, p. XV.
[9] À partir des plans de l’architecte de la Ville et du département Joseph-Marie Gohier (Hennebont, 26 août 1786 – Rennes, 2 décembre 1821), fils de l’entrepreneur de bâtiments, Antoine Gohier (Dangy, 8 avril 1749 – Hennebont, 6 octobre 1820).
[10] Le Glaneur breton, janvier 1889, p. 24.
[11] « M. de Monthuchon, d’une excellente famille de Normandie joignant l’élévation des sentiments, la solidité des principes à la noblesse du nom et de cœur. Les goûts artistiques sont héréditaires dans la famille de Monthuchon, dont plusieurs membres, et notamment celui-ci, se livrent à la peinture avec succès. M. de Monthuchon demeure à Rennes, où il jouit de l’estime que méritent son goût et son caractère loyal », in Johanet (A.), Souvenirs de Belgrave-Square : dédiés à tous les flétris et à tous ceux qui regrettent de ne pas l’être, Paris, Dentu, 1844, p. 371.
[12] Archives de Rennes, 1F4/1 et 1F4/7 états nominatifs 1831 et 1843. Son fils ainé Charles Louis Émile le Michel de Monthuchon (Altona, 4 septembre 1799-Monthuchon, 3 septembre 1846) demeurait occasionnellement rue des Dames
[13] Il fait don à la société archéologique de deux briques romaines plates et sans rebords provenant de fouilles de la rue Basse en 1854, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1854, p. 95.
[14] La reconduction photographique vise à décrire les évolutions du paysage au travers de séries photographiques représentant un territoire donné au cours des âges, qu’il s’agisse d’un territoire urbain, rural ou naturel. Dans les faits, il s’agit de reconduire -refaire- des prises de vue, plus ou moins anciennes, à l’identique, en conservant le point de vue exact et le cadrage précis de l’image, ainsi que la lumière (s’il est possible de connaître la date et l’heure de la prise de vue), voire les conditions climatiques. Ce principe permet l’obtention de séries de photographies rigoureusement identiques : la position des éléments qui composent le paysage, que cela soit latéralement ou en profondeur, les proportions, ainsi que la répartition de la lumière sont respectés. Dès lors, la comparaison est possible. En effet les seules différences entre les images sont le fait de changements ayant affectés le territoire dans le temps séparant leur prise de vue.
[15] Identification du photographe à partir de la notice http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo200848
[16] Publicité au dos d’une carte-postale.
[17] Kerjean (D.), Rennes : les francs-maçons du Grand Orient de France: 1748-1998 : 250 ans dans la ville, Rennes, PUR, 2018, p. 343.
[18] Ouest-Éclair, 6 mai 1934.
[19] Nitsch (G.), L’Hôtel de Ville, la Tour de l’Horloge, le Présidial de Rennes, notes historiques, Rennes, Larcher, 1928, 72 p.
[20] Marie Théophile Xavier d’Haucourt était Conseiller à la Cour d’Appel de Rennes et un membre très actif de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine depuis 1925.
[21] Nitsch (G.), Haucourt (X.d’), Le Palais de justice de Rennes, La Cour de parlement de Bretagne, Rennes, 1932, VII-199p.
[22] Séance du 9 décembre 1924, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1925, XIX-XX.
[23] Collections en ligne du Musée de Bretagne http://www.collections.musee-bretagne.fr/resultat.php?type_rech=rs&index%5B%5D=fulltext&bool%5B%5D=&reset=1&nr=1&value%5B%5D=nitsch+calvairiennes
[24] Banéat (P.), Le Vieux Rennes, Rennes, Librairie Générale J. Plihon et L. Hommay, 1926, p. 158.
[25] Séance extraordinaire du 11 octobre 1927, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1922, p. XXXVIII-XLI.
[26] C’est lors de la séance du 11 avril 1905 que Barthélémy Pocquet du Haut-Jussé suggère aux membres de la société archéologique d’Ille-et-Vilaine de faire des excursions et des promenades archéologiques. La première a lieu le mardi 30 mai 1905. Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1980, p. XXIX.
[27] Plusieurs gravures et dessins du chêne d’Henri IV ont été montrés lors des réunions de la société archéologique d’Ille-et-Vilaine. À propos de la peinture photographiée « Rennes chêne d’Henri IV », numéro d’inventaire : 956.0002.477, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo253898, une peinture du « Chêne de Henri IV à Sainte-Foix, près de Rennes », avait été présentée par le capitaine Germain Baudre (1885 – 1972) lors de la séance du 11 décembre 1928 (Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1929, p. XLIII, mais la description ne semble pas correspondre : « Peinture non signée représentant le chêne de Henri IV, avant qu’il ne fût entouré d’une grille, le chêne sous lequel, en 1598, se reposa Henri IV au retour d’une chasse dans les bois de la Prévalaye. La tradition populaire, quelquefois très indiscrète, prétend que la vert-galant ne s’y reposa pas seul et elle précise même la qualité du mari malheureux qui aurait été le pourvoyeur involontaire de Sa Majesté. La duchesse d’Angoulême visita le chêne de Sainte-Foix en 1825, et la duchesse de Berry planta un ormeau auprès. A l’époque, ainsi qu’en témoigne cette peinture, le chêne idyllique se trouvait déjà dans un état de vétusté fort avancé ».
[28] Séance du 12 juin 1923, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1924, p.XXXIII.
[29] Biographie de Désiré Fénaut dans Chmura (S.), « À propos de trois clichés pris à l’Exposition de l’Industrie et du Commerce de Rennes en 1887», Images, représentations et patrimoine de Rennes, août 2018, http://patrimoine2rennes.monsite-orange.fr
[30] Catalogue du Musée archéologique et ethnographique, Rennes, Oberthur, 1909, p. VI.
[31] Orain (A.), Au pays de Rennes, Rennes, Hyacinthe Caillère, 1892, cliché d’Alfred Savary, p. 156.
[32] Orain (A.), Au pays de Rennes, Rennes, Hyacinthe Caillère, 1892, p. III. Le sujet est abordé dans Chmura (S.), « Alfred Guillemot l’éditeur des cartes postales « A.G. » de Rennes », in cartes-postales de Rennes ou d’ailleurs, octobre 2017, http://cartes-postales35.monsite-orange.fr
[33] Exemple : Le pont aux lions, numéro d’inventaire : 956.0002.640, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo255307
[34] Banéat (P.), Le Vieux Rennes, Rennes, Librairie Générale J. Plihon et L. Hommay, 1904, p. 1.
[35] Le département d’Ille-et-Vilaine, histoire, archéologie, monuments a été également édité par Larcher entre 1927 et 1929, en quatre volumes, grand in-8°, illustrés.
[36] Séance du 15 février 1921, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1922, p. XII.
[37] Séance du 15 février 1921, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1922, p. XII-XIII.
[38] Le Lycée Armoricain était une revue nantaise fondée en 1823 par le journaliste, imprimeur et historien Camille Mellinet (Nantes, 28 janvier 1795 – 8 août 1843). La revue était définie comme littéraire, scientifique et historique, elle voulait valoriser la culture populaire, les origines celto-bretonnes et la permanence de la culture classique. Sur le sujet Plotner (B.), « Les débuts d’Emile Souvestre et d’Elisa Mercoeur dans le Lycée Armoricain », in Masculin féminin dans la poésie et la poétique du XIXe siècle, Presses Universitaires Lyon, 2002, p. 177-190 ; Chapplain (L.), « Appel aux Bretons », Le Lycée Armoricain, Vol. 1, 1823, p. 3-6.
[39] Ducrest-Villeneuve (E.), Guide historique et statistique du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Oberthür et Landais, 1847, 395 p.
[40] Decombe (L.), « Un artiste oublié Hyacinthe Lorette », in Annales de la Société historique et archéologique de l’arrondissement de Saint-Malo, 1900, p.15-21.
[41] Ducrest-Villeneuve (É.), Album breton, département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Ambroise Jausions, s.d., p.1.
[42] Ducrest-Villeneuve (É.), Album breton, département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Ambroise Jausions, s.d., p.12.
[43] Chmura (S.), « Les premières photographies d’archéologie de Rennes », in Images, représentations et patrimoine de Rennes, janvier 2018, http://patrimoine2rennes.monsite-orange.fr et Chmura (S.), Espace bâti, urbanisme et patrimoine à Rennes, XVIIIe-XXIe siècles. Représentations et images, Thèses Université Rennes 2 (28/09/2007), p. 227-228. http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00189968/fr.
[44] Paul Banéat (Rennes, 5 octobre 1856 – 22 mai 1942), membre de la Société d’archéologie depuis 1880, était docteur en droit. Il est l’auteur en 1904 d’un ouvrage sur Le Vieux Rennes. En 1906, il succède à Lucien Decombe (Rennes, 4 février 1834 – Rennes, 14 décembre 1905) comme conservateur du Musée d’archéologie de la ville, où il développe les collections d’ethnographie et d’iconographie rennaise et bretonne.
Jean Harscouët de Keravel (Rennes, 2 novembre 1856 – 21 décembre 1942), archéologue et collectionneur, était membre de la société depuis 1877. Ses propriétés du 37 boulevard de Sévigné, puis du 3 rue La Fayette, ainsi que son manoir à Saint-Jacques de La Lande étaient remplies de meubles et de collections variées.
L’abbé Joseph Thomas Marie Mathurin (Cancale, 11 juillet 1868 – 12 avril 1943), chanoine honoraire et curé-doyen de Saint-Sulpice La Forêt était un membre depuis 1897. Il était particulièrement actif au sein de la société d’archéologie. Auteur de L’église Conventuelle du Calvaire de Cucé à Rennes photographies et illustrations par Désiré Fenaut.
[45] Séance du 10 mai 1921, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1922, p. XXVIII.
[46] Le passage des Carmélites s’est effondré en 1972.
[47] Académie royale de peinture et de sculpture, Catalogues of the Paris Salon 1673 to 1881, volume 1876, New York, Garland Publishing, 1977, p. 496.
[48] Musée des Beaux-Arts de Rennes, https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/louis-adolphe-hervier_vue-d-un-passage-des-carmelites-a-rennes_huile-sur-toile
[49] « Le couvent des Carmélites à Rennes », in Le Magasin Pittoresque, XLVIII, mars 1880, p. 74. Dans sa description du dessin de Catenacci, l’auteur de l’article émet le même genre de commentaires que Ducrest-Villeneuve sur la modernité: « quand on admire dans une ville les grandes cathédrales, les somptueux hôtels de ville, les larges rues bordées de riches maisons, les fontaines monumentales et les magasins aux luxueux étalages, on n’a pas tout vu : il y a çà et là de pauvres petites rues tournantes, des débris de remparts, des fragments de vieilles portes, des masures toutes déjetées. Ne les méprisez pas : ce sont, au milieu de la civilisation moderne, les débris et les témoins d’un passé qui est bien loin déjà, mais qui n’est pas encore mort. Leur vue nous pénètre, si nous les regardons à certains instants du jour, d’un sentiment involontaire de respect ; nous nous y attachons, comme on s’attache au souvenir de tout ce qui a vécu ; l’attention nous y fait découvrir bien des choses que nous n’y soupçonnions pas ; et le fait, pour l’attention ; de trouver du nouveau est toujours une jouissance. Or, il y a du nouveau partout et toujours : avec les heures de la journée, avec la lumière qui grandit ou qui diminue, avec la couleur qui croit ou qui décroit, il se produit une infinité de spectacles différents. Sachons seulement les voir. Est-ce à dire pour cela qu’il faille souhaiter de conserver dans les villes beaucoup de constructions vieilles et chancelantes, sous prétexte de pittoresque ? Non certes, car il faudrait alors dire adieu à tout progrès, à toute civilisation. Avec de nouveaux temps viennent de nouveaux besoins ? Ce qui suffisait jadis ne suffirait plus aujourd’hui. Chaque siècle change quelque chose aux habitudes du siècle précédent, et ces métamorphoses se font le plus souvent d’une manière lente et insensible ».
[50] Ouest-Éclair, 15 juin 1934.
[51] Ouest-Éclair, 16 juin 1934.
[52] La maison s’est effondrée le 17 août 1936.
[53] Ouest-Éclair, 6 septembre 1925.
[54] Ouest-Éclair, 28 septembre 1934.
[55] Yves Marie Marcel De Jaegher dit Marcel De Jaegher (Plounévez Moëdec, 19 avril 1879 – Paris, 25 septembre 1964), artiste peintre, graveur sur bois et aquarelliste, chevalier de la Légion d’Honneur en 1933.
[56] Pierre Vincent Galle (Rennes, 8 février 1883 – 12 novembre 1960), peintre, conservateur du Musée des Beaux-Arts de Rennes et directeur de l’École régionale des Beaux-Arts.
[57] Ouest-Éclair, 21 avril 1932.
[58] Ouest-Éclair, 4 novembre 1933.
[59] Ouest-Éclair, 4 novembre 1933.
[60] « La place de la Dèche a vécu/Encore un coin pittoresque de Rennes qui s’en va « Ça n’est pas un mal », diront les hygiénistes, à qui l’étalage, tous les samedis, place de la Mission, d’un tas de vieilles choses parmi lesquelles figuraient pour une bonne part des hardes ou des objets de literie qui n’avaient pas été désinfectés, ne disait rien qui vaille. Par suite de la transformation complète de la place où ce marché hebdomadaire, appelé « marché aux puces », se tenait chaque fin de semaine, les fripiers dont les éventaires se dressaient tout autour des trois terrepleins de la Croix de la Mission, ont été priés de déménager […] Il est certain que ces braves gens regretteront plus d’une fois la place de la Mission où il leur était permis de s’étendre comme ils le voulaient et de mettre bien en valeur leurs antiquités. Avec eux, les Rennais en quête d’une bonne affaire ou amateurs de vieilleries regretteront qu’on ait expulsé de la place qu’ils avaient popularisée ces petites boutiques aux étalages hétéroclites que remplacera d’ici peu la nouvelle gare des tramways à vapeur, qui sera assurément beaucoup plus coquette, mais certainement moins originale », in Ouest-Éclair, 16 janvier 1909.