Article et photographies de Céline Chanas, conservatrice-directrice du musée de Bretagne. Mai 2019.
Nous sommes Foot… C’était le titre d’une exposition du MuCEM il y a peu.
Dimanche 28 avril 2019, nous étions foot à Rennes, avec l’arrivée de la Coupe de
France 2019. Et ça intéresse forcément un conservateur de musée de société. Le
musée de Bretagne y était.

Petit retour en arrière sur cette journée rennaise incroyable, éclairée par les écrits de
Christian Bromberger, ethnologue. Eh oui, le football est une « passion ordinaire »,
avec ses rites et ses codes, jusque dans l’espace public.

« A travers ses engagements, et les solidarités que tisse un engouement partagé, se
faufilent et tendent à se résoudre une quête de sens de l’existence et de nouvelles
formes de liens sociaux », nous dit Christian Bromberger, dans Le match de Football
une passion partisane.

De l’esplanade Charles-de-Gaulle, où s’était réunie une foule compacte de près de
40 000 personnes venue attendre le retour de la coupe de France (gagnée contre le
PSG), jusqu’à la place de la mairie, on a pu pendant tout l’après-midi se rendre
compte d’une grande ferveur populaire.

La culture foot, le supportérisme étaient visibles au travers des emblèmes du club :
drapeau, écharpe, casquette… mais aussi au travers d’une culture immatérielle faite de
chants, d’expressions corporelles, dont le fameux clapping.

À Rennes et en Bretagne, cette culture foot se double aussi d’une autre
appartenance, territoriale : ainsi, comme au stade, les supporters sont venus avec le
drapeau breton, le Gwenn Ha Du.
Un jeune garçon, en première ligne avait même apporté une relique, le drapeau de
la coupe de France gagnée en 1971, signé par tous les joueurs de l’époque. À
déposer d’urgence au musée !

L’ambiance de l’arrivée de cette coupe de France était très bon enfant : à l’image de
la foule, multiculturelle, de tous âges, c’est vraiment la joie et la fierté qui ressortait.
« Leur » victoire, c’est aussi la mienne. La culture foot, c’est aussi une mascotte, Erminig.

La culture foot, c’est aussi des supporters TRÈS engagés. Et ils étaient là, avec
fumigènes, fausse coupe (un bidon de lait) et drapeaux personnalisés.

La culture foot, c’est aussi pouvoir vibrer avec son club, « communier » avec les joueurs,
toucher le Graal : après la scène, les joueurs descendent donc dans la foule pour
autographes, selfies et faire toucher la coupe.

Après la liesse sur l’esplanade de-Gaulle, la foule part vers l’hôtel de ville : c’est
l’accueil officiel dans la mairie de Rennes, dans le grand salon d’honneur. Au balcon,
l’équipe brandit la coupe de France, comme en 1971. La date restera gravée dans les
mémoires, l’évènement deviendra patrimonial.

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