Les collections textiles du musée de Bretagne regroupent essentiellement des pièces des dernières décennies du 19e siècle et de tout le 20e siècle. Devant la faible présence de vêtements de travail identifiés comme tels dans les collections, le musée décide en 2010 de lancer une campagne de collectage sur ce thème. L’idée était de combler des lacunes, et de « donner du volume » à des photographies ou des estampes que le musée conservait déjà. Ainsi les tenues des maçons-paveurs dessinés par Camille Godet ont pris corps grâce à la collecte.
La méthode mise en place est celle de l’ethnologue de terrain, qui va collecter des éléments de la culture matérielle (dans ce cas précis des vêtements et accessoires de travail), qu’il va contextualiser, documenter, renseigner au mieux. Cette collecte s’est déroulée de novembre 2010 à avril 2011, elle a été réalisée par une jeune historienne, Carole Tymen. Elle a demandé la mise en œuvre d’une démarche participative, en s’appuyant sur la collaboration des usagers (porteurs des vêtements de travail) et des publics. La démarche a reçu un accueil favorable de la part de la presse locale, de la radio et de la télévision qui ont servi de relais – le phénomène de bouche à oreille fonctionnant bien de manière générale dans le processus de collecte.

Carole Tymen a rencontré 22 particuliers (travailleurs, retraités, parents d’utilisateurs) et dix entreprises ou collectivités qui ont répondu volontairement et favorablement à la sollicitation du musée de Bretagne. La période historique couverte par les vêtements rassemblés s’étend des années 1920 (canotier de maçon de la ville de Rennes, tenue de garde-pompier de la poudrerie de Pont-de-Buis) aux années 2000 (tenues d’ouvrier PSA Peugeot-Citroën du site de la Janais). A l’issue de la collecte, 180 pièces sont entrées dans les collections, richement documentées par de nombreux entretiens réalisés avec les donateurs, qu’ils soient encore travailleurs ou retraités, parents des utilisateurs, mais aussi entreprises, collectivités, organismes.
Plusieurs grands domaines professionnels sont apparus au fil de la collecte :
- le transport, par le biais de tenues propres à la SNCF, à la compagnie aérienne Brit air, à la compagnie de transport en commun de l’agglomération rennaise,
Tenue d’hôtesse de l’ai de la compagnie Bit Air – Cliché P. Pressos, CC0 – Collection musée de Bretagne, Rennes - l’industrie : les usines Citroën, Franpac (emballage métallique Douarnenez),

- la pêche, par exemple à travers des vêtements de flottabilité, témoins des avancées et progrès en matière de sécurité à bord des bateaux,

- les services de santé, les hôpitaux et les services des collectivités (jardins, propreté…)

Le vêtement de travail le plus souvent proposé et qui concentre aussi la plus grande diversité de métiers est sans conteste le bleu de travail, produit localement d’une part dans plusieurs entreprises (Ariès/Le mont St Michel, Le Mont-Carmel à St Brieuc) et utilisé par une très grande diversité de professions (de l’agriculteur au mécanicien, jardinier, maçon…). Les témoignages collectés auprès des personnes qui ont fabriqué ou porté ces vêtements permettent de contextualiser leur usage, et plus largement de documenter les métiers et la façon dont les porteurs de ces tenues se représentent eux-mêmes leurs activités. L’inventaire des pièces a été fait dans la suite du travail de collectage, en documentant autant que possible l’usage.

Fabienne Martin-Adam
Septembre 2019
Ping : Projet de collecte : pratiques sportives amateurs en Bretagne – Musée dévoilé
Ping : Le vêtement de travail, un costume breton ? – Musée dévoilé
Ping : Enrichir par la collecte – Musée dévoilé
Ping : La patrimonialisation du vêtement ouvrier : l’exemple du Musée de Bretagne – Musée dévoilé