Un chantier innovant : la restauration des matériaux plastiques et composites

Dans le cadre de la surveillance régulière des collections, plusieurs objets composites en matériaux plastiques, présentant des altérations parfois importantes, ont été repérés. Fin 2016, une demande a été formulée auprès d’une conservatrice-restauratrice spécialisée, Héléna Bülow, en vue de l’étude de ces collections.

Trois ensembles ont été dans un premier temps concernés : les objets conservés en réserve « Gros volumes » (27 objets) ; en réserve « Textiles » (78 objets) ; en réserve « Vie professionnelle et domestique » (662 objets), soit un total de 767 objets.

Figurine Nicolas - Tous droits réservés - collections musée de Bretagne
Figurine Nicolas – CC BY NC ND – collections musée de Bretagne

Il a en effet été nécessaire de procéder à une vérification générale de l’état des matériaux plastiques qui posent plusieurs problèmes de conservation. Il s’agit de matériaux relativement nouveaux dans le domaine des collections muséales et de la conservation-restauration pouvant présenter des altérations physico-chimiques irréversibles. En outre, certains de ces matériaux dégagent des produits de dégradation nocifs pouvant entraîner la corrosion et la contamination des objets et du mobilier à proximité. De nombreux  objets ont par ailleurs été utilisés et conservés dans des conditions non adéquates avant leur acquisition par le musée de Bretagne et présentent des faiblesses (usure mécanique, abrasion de la surface, altérations liées à l’exposition à la lumière, aux sources de chaleur et aux fluctuations de l’hygrométrie, etc…). L’étude a permis d’établir un diagnostic, d’écarter les matériaux considérés comme dangereux pour la collection, de réduire les risques pour leur conservation et de préconiser des traitements pour stabiliser leur état dans la mesure du possible.

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Poupée-souvenir – CC BY NC ND – Collection musée de Bretagne

Ainsi, une priorisation des interventions de restauration a été déterminée, celles-ci seront mises en œuvre sur plusieurs années. Les dégradations de 33 objets, parmi les plus importantes, ont constitué une première phase : empoussièrement, décoloration, rigidification et friabilité des matériaux élastomères, oxydation des parties métalliques sur les objets mixtes, traces de moisissures inactives, fissures, cassures… Les traitements de conservation-curative visent principalement la stabilisation des altérations et le ralentissement du processus de dégradation engagé.

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Poupée – CC0 – Collection musée de Bretagne

Ce chantier pose de nombreuses questions de conservation pour l’avenir : face aux défauts de comportements de ces matériaux modernes, correspondant souvent à des objets utilisés au quotidien, il apparaît que la vigilance doit être la même que pour certains matériaux plus traditionnels. Leur utilisation par l’homme génère une instabilité, s’ajoutant à leur sensibilité aux agents extérieurs (rayonnements UV, sources de chaleur, l’humidité, attaques bactériologiques, fluctuations de température…). Les matériaux plastiques sont fragiles et leur conservation par les institutions patrimoniales constitue un défi certain, ainsi qu’un enjeu pour la recherche.

Pantalon de protection – CC0 – Collection musée de Bretagne
Pantalon de protection – CC0 – Collection musée de Bretagne

Manon Six

Octobre 2019

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