Les collections relatives au premier conflit mondial sont numériquement très importantes, on compte en effet plus de 1700 documents et objets. La grande originalité de ce fonds est qu’il a été très largement constitué pendant la guerre elle-même ; dès 1914, des cartes postales des armées sont collectées, jusqu’en 1929 et même un peu au-delà de nouvelles collections, notamment beaucoup d’affiches seront acquises.

L’édition a été très importante pendant ce conflit : la production d’affiches par exemple a été conséquente, elles ont eu vocation à convaincre les Français de souscrire aux emprunts lancés pour financer la guerre. La création de ces affiches a été confiées à de grands noms de l’illustration, Hansi, Abel Faivre, Henri Lebasque, etc. dont les images jouaient sur la fibre patriotique et les valeurs familiales pour persuader les Français de confier leur épargne à l’État.

Les collections rassemblent beaucoup de documents imprimés : cartes postales, programmes, insignes, cocardes, images populaires, cartes d’approvisionnement, cartes de correspondance militaire, etc. qui témoignent d’une présence par l’image et par l’objet du conflit, même à l’arrière du front.

La photographie occupe aussi une place conséquente : les portraits des grands généraux de l’époque, Joffre, Foch, Pétain, Galliéni, etc. sont diffusés sous forme d’estampes réalisées d’après portraits photographiques. Tous les grands fonds d’ateliers photographiques du musée contiennent des négatifs ou épreuves liés à la guerre. Certains photographes comme Amédée Fleury ou Raphaël Binet mobilisés, ont témoigné de la vie dans les tranchées.

D’autres fonds, comme celui de la photographe Anne Catherine de Redon, incluent des portraits de permissionnaires et de blessés des hôpitaux de l’arrière du front : portraits de soldats américains ou soldats des troupes coloniales croisent les portraits des mobilisés bretons. La photographie trouve pendant la guerre un développement inopiné : les permissionnaires se font tirer le portrait avec leur fiancée, leur épouse, leur mère, leurs enfants, et pour bon nombre d’entre eux il s’agira souvent du dernier cliché. Ces photographies les accompagneront au front et constitueront des souvenirs pour leur famille.

Après la guerre, la création de monuments aux morts et les cérémonies du souvenir constitueront également des sujets photographiques. Ces images participeront à la préservation de la mémoire de l’évènement et seront souvent déclinées sous forme de cartes postales.

La participation de nombreux artistes au conflit a aussi permis de constituer de riches collections de dessins et de sculptures, grâce au talent de Pierre Galle, Charles Oberthür, Mathurin Méheut, Georges Renaudin, Louis Roger, Armel Beaufils, René Quillivic, etc. Dessins réalisés sur le front, mais aussi projets de fresques commémoratives, maquettes de monument aux morts apportent une touche humaniste et esthétique à ces évènements dramatiques.

Même si les objets sont minoritaires, ils permettent une approche plus concrète et plus intime, au travers d’objets commémoratifs, de bijoux, de souvenirs (médailles et croix de guerre) rassemblés par la famille autour d’un soldat décédé.

Le journal de Georges Renaudin, illustrateur et graveur, mobilisé pendant la première Guerre mondiale, associé à ses carnets de croquis et à ses objets personnels (lit de camp, manteau, guêtres…) permettent de dérouler un récit individuel, mais dont la portée peut-être très générale.

Laurence Prod’homme.
Novembre 2019.