Corvée de pierre à Ouessant

L’empierrement des routes et chemins consiste à recouvrir ceux-ci de matériaux concassés en petites dimensions, afin de les rendre plus praticables : moins poussiéreux en été et en moins boueux en hiver… À Ouessant, chaque foyer de l’île devait à la commune un temps de travail annuel pour réaliser l’empierrement, calculé en fonction de la taille de la famille et de l’importance de l’exploitation agricole. Les hommes adultes s’engageant le plus souvent sur de grands navires de commerce pour apporter un petit revenu à leur famille, c’est à leur épouse, à leurs filles et à leurs jeunes garçons n’étant pas encore en âge de sillonner les mers, que cette tâche revenait.

La corvée d’empierrement, Charles Grimbert, Ouessant, 1998 – Marque du domaine public – Collection musée de Bretagne, Rennes

Le nombre de jours de « corvées de route », ou korre’nichou, était établi ainsi : trois jours par homme de la famille ayant terminé son service militaire (soit le père et ses fils de plus de 21 ans), trois jours pour le cheval (la plupart des familles n’en possédait pas à la fin du 19e siècle), trois jours pour la charrette… C’est assez logiquement à une femme que les  Ouessantines doivent la suppression de cette corvée : Jeanne Berthelé, première femme maire de l’île, l’abolit lors de son mandat (1945-1951).

Corvée d’empierrement, Charles Grimbert, Ouessant, 1898 – Marque du domaine public – Collection musée de Bretagne

Fabienne Martin-Adam

Extrait de Objets de l’histoire, mémoires de Bretagne, Les collections du musée de Bretagne, éditions Ouest-France, Rennes, 2011.

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