La mosaïque, matériaux et savoir-faire

Art essentiellement décoratif, la mosaïque est constituée de petits cubes de matières dures, comme la pierre, l’émail, le verre, la céramique… Ces fragments s’appellent des tesselles. Celles-ci sont assemblées pour former des motifs, que l’on fixe avec un ciment.

La mise en œuvre en est minutieuse, chaque matériau ayant sa spécificité.

Le marbre

Le marbre est utilisé depuis l’Antiquité. Il offre une large gamme de couleurs et de matières. Sa grande résistance à l’usure et au frottement en fait un produit de choix pour la réalisation de pavement, même s’il est délicat à tailler.

Sol provenant d’une maison située au 111 rue de Fougères à Rennes, composé de marbres – Marque du domaine public – Collection musée de Bretagne, Rennes

La pâte de verre des smaltes

La pâte de verre est utilisée pour les mosaïques d’émail. En ajoutant des oxydes métalliques, on obtient une grande variété de couleurs. Fabriquée artisanalement, sous forme de disques épais, elle est débitée en cubes de verre coloré et opaque, les smaltes. La surface de l’émail peut être irrégulière et accroche la lumière. Elle est donc recherchée pour donner du brillant et de l’éclat. Cependant, c’est un matériau fragile qui résiste mal aux frottements. On le réserve donc aux murs.

Smaltes sur le mur de la salle de bains d’Isidore Odorico fils à Rennes – CC BY SA – Cliché A. Amet, photothèque musée de Bretagne, Rennes

Les émaux dimensionnés

A la fin du 19e et au début 20e siècle, pour faciliter le travail des mosaïstes, les tesselles en pâte de verre sont fabriquées industriellement. Elles sortent de l’usine déjà dimensionnées. Certaines ont le dessus lisse et l’envers strié, pour améliorer l’adhérence. D’autres auront leurs deux faces lisses : puisqu’il n’y a plus ni endroit ni envers, la mise en oeuvre ne nécessite aucune compétence particulière, ce qui fait gagner du temps.

Émaux dimensionnés sur la devanture du Café des caves à Angers, Odorico fils, vers 1925-1930 – CC BY SA – Cliché A. Amet, photothèque musée de Bretagne, Rennes

Le grès cérame

Cuit à haute température, le grès cérame est inaltérable. Sa résistance à l’usure en fait un matériau idéal pour recouvrir les sols. Produit fabriqué en différentes dimensions, il permet de couvrir des surfaces importantes. Son aspect uni ou matiéré se conjugue avec une gamme de coloris relativement ternes, à base de gris, de bleus, de bruns, d’ocre, de beige…

Sol en grès cérame à la cité universitaire, boulevard de Sévigné à Rennes, Odorico fils, 1935 – CC BY SA – Cliché A. Amet, photothèque musée de Bretagne

Des outils spécifiques…

La marteline, sorte de petit marteau à tête arrondie et aux arêtes tranchantes, ainsi que le tranchet sont les outils traditionnels du mosaïste travaillant le marbre ou la pâte de verre. Planté dans un billot placé au sol devant soi, le tranchet forme une sorte de lame sur laquelle on place le morceau à couper. D’un coup sec et précis de marteline, on obtient une tesselle. Avec l’habitude, on augmente la vitesse de coupe et la précision.

Marteline et tranchet – CC BY SA – Cliché A. Amet, photothèque musée de Bretagne, Rennes

On utilise aussi la pince japonaise et la pince de carreleur, selon l’effet recherché, notamment pour découper des carreaux de céramique.

… pour deux types de techniques

La pose directe

Technique ancestrale, la pose directe consiste à coller chaque tesselle devant soi, une à une, à l’endroit et dans le lieu où doit être réalisée la mosaïque. Cette façon de faire est lente et demande une grande dextérité pour couper les tesselles à la même dimension et pour obtenir une surface parfaitement plane. Elle convient plus spécialement aux supports en relief et aux petites surfaces.

Pose directe dans l’atelier Mamosaïc à Rennes – CC BY SA – Cliché A. Amet, photothèque musée de Bretagne, Rennes

La pose indirecte

La méthode indirecte est un procédé beaucoup plus rapide, réalisé en deux temps. On colle d’abord provisoirement les tesselles à l’envers, sur une feuille de papier épais sur laquelle a été dessiné le motif. Ce travail se fait en atelier. En fonction de la taille de l’oeuvre à réaliser, on obtient une ou plusieurs plaques. Une fois sur le site, on retourne les plaques et on les colle avec du mortier sur leur support définitif. Il ne reste plus qu’à retirer le papier pour voir apparaître la mosaïque. Cette technique, brevetée par le frioulan Gian Domenico Facchina en 1852, est idéale pour recouvrir de grandes surfaces bien nivelées. C’est la technique qu’utilisent toutes les entreprises françaises à l’époque, y compris celle d’Odorico.

Texte extrait de Odorico, 100 ans de mosaïques, éditions Apogée, Rennes, 2009.

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