Le trésor de Mané Vechen

Le musée de Bretagne prête cet été une partie du trésor monétaire de Mané Vechen (Plouhinec, Morbihan) pour l’exposition « Mané Vechen, un art de vivre à la romaine », au musée d’histoire et d’archéologie-Château-Gaillard de Vannes, jusqu’au 30 septembre 2020.

Réalisée en partenariat avec le Port-musée de Douarnenez, l’INRAP (Institut national de la recherche archéologique préventive) et avec la collaboration du Service régional de l’archéologie (DRAC Bretagne), cette exposition relate la passionnante histoire du site de Mané Vechen, une riche villa maritime érigée sur un promontoire le long de la rive droite de la rivière d’Etel, par un dignitaire vénète gallo-romain, marchand, à la fin du 2e siècle ou au tout début du 3e siècle de notre ère.
Abandonnée par ses occupants à la fin du 3e siècle à la suite d’un incendie partiel, elle est réutilisée par une nouvelle population pendant quelques décennies jusqu’au début du 4e siècle. Les fouilles menées dans les années 1970 et surtout de 2000 à 2007 ont permis de mettre au jour l’intégralité des vestiges de cette demeure antique, dont le décor intérieur est sans équivalent dans l’ouest de la Gaule. Le site a livré aussi un abondant mobilier archéologique des 3e et 4e siècles, notamment d’importants dépôts monétaires.

Dans les années 1970, ce sont près de 22 000 monnaies qui sont en effet découvertes, constituant un dépôt dont l’alimentation cesse vers 280-282 ap JC et dont la composition, représentée principalement par des antoniniens* provenant d’émissions impériales officielles et non de frappes locales, traduit une thésaurisation sélective. Les monnaies du lot 1, découvert en 1974 et dont 445 sont conservées au musée de Bretagne, étaient contenues dans une cruche soigneusement fermée et enfouie vers 259-260. Leur répartition révèle une alimentation régulière durant les 20 années environ qui vont du règne de Balbin (238) à la fin du règne commun de Valérien et Gallien (260). Il ne s’agit donc pas d’un enfouissement précipité : ce trésor de monnaies fortement argentées constituait probablement une épargne de métal précieux, sorte de coffre-fort de la villa. Sa localisation plaide pour cette hypothèse : enfoui sous le sol non bétonné de la cour du bâtiment, son accès en était facilité et pouvait également être surveillé depuis les salles adjacentes.




Antoninien de Trajan Dèce, 250-251 ap JC – CC BY SA – Cliché K. Colonnier, Collection musée de Bretagne, Rennes

Néanmoins cette épargne monétaire n’a jamais été récupérée par son propriétaire, probablement suite à l’incendie survenu et l’abandon de la villa à la fin du 3e siècle.

Manon Six.

Septembre 2020.

* Antoninien : pièce de monnaie romaine d’une valeur de deux deniers, en argent au moment de sa création au début du 3e siècle, puis progressivement en billon.

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