Loïc Schvartz est né en 1957 à Saint-Brieuc et est aujourd’hui basé à Rennes. Après des études aux Beaux-Arts de Rennes, il devient dessinateur de presse en 1988, principalement dans un premier temps pour Ouest-France, de 1988 à 1998. Il publie ensuite régulièrement dans de nombreux journaux et magazines : Charlie Hebdo, Marianne et Ouest France principalement. Il dessine également pour Mutualiste Breton, Le Psikopat, et Infirmière Magazine. Ses dessins sont aussi publiés aux éditions du Bois Baudry, Mégastar, Sciences Ouest, ainsi que dans des journaux d’entreprise (Groupama, Crédit Agricole…) ou dans des revues de collectivités locales.

Il contribue régulièrement à l’animation de congrès et colloques (dessins en direct) pour des commandes publiques ou privées (collectivités, EDF, Veolia, monde médical et champ social…). Il produit également plaquettes, brochures, affiches pour différents organismes et publie une trentaine d’ouvrages à partir de ses dessins entre 1994 et aujourd’hui (multiples éditeurs : Ikkon, Oberthür, Ouest-France, Fleurus, Apogée…).
Il a reçu à plusieurs reprises le Trophée Presse Citron décerné par l’École Supérieure d’Arts Graphiques Estienne pour les meilleurs dessins d’actualité de l’année, en 1998, 1999, 2000, 2003 et 2008. Il décrypte en outre l’actualité quotidienne sur son blog. Il est membre de l’association de dessinateurs créée par Plantu : Cartooning for peace.
De nombreux dessins sélectionnés pour cette acquisition ont été réalisés pour des émissions de télévision. De 1994 à 2009, il dessine en direct pour la chaîne de télévision TV Rennes 35, composant ainsi une chronique dessinée humoristique hebdomadaire. Sa collaboration avec France 3 Bretagne commence ensuite en 2010, pendant les élections régionales, où de la même manière qu’à TV Rennes, il dessine l’information en direct chaque semaine. Elle se poursuit dans plusieurs émissions notamment L’heure du débat qui aborde des sujets d’actualité aussi divers que l’égalité hommes-femmes, le réchauffement climatique, les difficultés de l’hôpital, la désertification des villes moyennes, la place de la foi…

Pour les dessins des émissions télévisées, son mode opératoire est généralement le suivant : pour chaque émission, il prépare quelques dessins dans la semaine qui précède, plus fouillés, plus travaillés, tout en gardant une notion de spontanéité dans le trait. Les autres dessins sont réalisés en direct pendant l’enregistrement de l’émission, en écoutant et rebondissant sur ce que disent les invités. La réalisation doit être très rapide en une à deux minutes, le dessin doit être clair et facilement compréhensible et l’enjeu principal est d’apporter une touche d’humour à des thèmes d’actualité sérieux voire graves. Loïc Schvartz produit 15 à 20 dessins pendant une heure d’émission. Ils sont ensuite parfois un peu retravaillés à l’issue de l’émission (couleur…). La sélection du musée de Bretagne compte ainsi quelques uns des dessins faits en direct, sans retouche.

L’artiste a souhaité en 2019 contacter le musée de Bretagne pour faire don de dessins originaux (le musée conservait jusqu’ici quelques exemplaires imprimés de l’auteur, issus de brochures ou de magazines). A noter, que les chaînes de télévision ne conservent pas ces dessins dans leurs archives, tout est rendu à l’auteur systématiquement. Une sélection a été réalisée en concertation à partir de thèmes développés dans les collections ou les expositions temporaires du musée de Bretagne et de l’Ecomusée de la Bintinais, et touchant à une grande diversité de sujets : actualité de la Bretagne avant tout (politique, économie…), grand sujets de société ayant touché le territoire (emploi, environnement, jeunesse, culture…) ou sujets contemporains plus généraux pour lequel le musée comptait peu de témoignages (terrorisme, lutte des femmes, immigration, santé…), qui ont pu connaître une résonance en Bretagne, sans exclusivité toutefois.

L’actualité politique rennaise a fait l’objet d’un point important de la sélection, car elle été abondamment illustrée par l’auteur (publication dédiée notamment à Edmond Hervé, dont le mandat a duré de 1977 à 2008), et des dessins ont pu être choisis couvrant jusqu’aux très récentes élections municipales de 2020.

Parmi les actualités, la pandémie de Covid-19 a également été retenue, comme fait social inédit.
Nombre de ses dessins permettent d’aborder des sujets très larges, permettant de donner un éclairage actuel à des thématiques régulièrement développées par le musée dans ses expositions. Le regard vif et la plume acérée de Loïc Schvartz ne laissent en effet rien passer des évènements et de l’actualité locale ou nationale : tout en étant humoristiques, la justesse de leur approche contribue à donner à ces dessins une dimension réflexive pertinente. Entre caricatures et dessins satiriques, ils constituent du moins un remède utile contre la morosité.

En 2007, la mission Wolinski avait abouti à la remise d’un rapport au Ministère de la Culture sur la promotion et la conservation du dessin de presse dans les fonds patrimoniaux (musées, archives, bibliothèques). Le musée de Bretagne avait alors été sondé pour cette étude, en raison de la forte présence des dessins de presse et caricatures liées à l’Affaire Dreyfus dans ses collections (procès de Rennes) : périodiques, cartes, brochures, dessins originaux… Malgré cette première orientation, c’est un axe des collections qui néanmoins n’a pas connu de développement au cours du 20e siècle, hormis quelques documents relatifs à des événements ou actualités précises.
Les événements récents en France liés aux actes terroristes ont ramené le dessin de presse en première ligne, soulignant tant son rôle dans la liberté d’expression que dans sa capacité à pouvoir traiter avec distance et décalage des sujets graves. En janvier 2020, le ministre de la culture avait notamment annoncé la création d’une maison du dessin de presse, à concrétiser en France, au moment de la commémoration des 5 ans de l’attentat de Charlie Hebdo.
Le dessin de presse se révèle être un témoignage précieux des grand enjeux et débats contemporains, qu’un musée de société aujourd’hui doit pouvoir conserver et valoriser. Les dessins originaux de Loïc Schvartz entrent pour la première fois en collection publique.
Manon Six.
Mars 2021.