Dans le département d’Ille-et-Vilaine, de nombreux gisements d’argile ont facilité l’implantation de briqueteries. Le 19e siècle voit le domaine de la construction se développer et Rennes devait compter environ six briqueteries vers 1890.
Néanmoins le musée compte peu d’éléments liés à l’activité des anciennes briqueteries de la région et notamment rennaises : un ensemble d’objets relatifs à la briqueterie d’Apigné (briqueterie Huchet), active dans les années 1904-1971 (photos, outils, moules), mieux connue, renvoie à l’importance de l’industrie de la brique remontant aux années 1850. Les sites de l’ancien moulin d’Apigné et des Landes d’Apigné procédaient à l’extraction de l’argile colorée à proximité, dans la carrière de la Heuzardière, puis dans celle de la Croix-Verte. La proximité des voies fluviales et surtout d’un petit train permettaient le convoyage des briques vers l’ouest. Sur le site d’Apigné et au Rheu, l’impact industriel est particulièrement visible à travers les différents matériaux mis en œuvre. La présence de la brique se retrouve dans les constructions : bâtiments à usage domestique, encadrements de fenêtres, mais aussi dans des bâtiments de facture industrielle. Toute cette industrie aura participé plus tard à la reconstruction de la ville de Rennes, touchée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

Don d’une brique de Villejean
Très peu d’informations en revanche sont parvenues jusqu’à nous sur la briqueterie de Villejean (deux briques de typologie légèrement différente et une photographie anonyme de 1896 figurent dans les collections du musée). Elle a été fondée en 1893 par Mme Trillard sous le nom de Société anonyme de la briqueterie rennaise. Elle devait être située à la Lande du Breil, près d’une autre briqueterie (Dautry). Elle employait 6 ouvriers dont le gardien et contremaître.

La production était une « fabrication en pâte molle, broyage et étirage à la machine ». Elle produit des briques pleines et creuses de tout type ainsi que des matériaux réfractaires (utilisation en forges notamment). M. Guidet, architecte, en devient propriétaire entre 1896 et 1897 puis la vend à Charles Du Breil Lebreton, qui possède une propriété à la lande Du Breil non loin de la briqueterie. Il fera passer le nombre d’ouvriers de six à dix, modernise l’entreprise en achetant de nouvelles machines (malaxeur à vapeur, broyeur à vapeur et quatre mouleuses à bras) et diversifie la production grâce à la fabrication de tuiles. Le propriétaire suivant est Louis Diossin qui revend à son tour en 1903-1904 à la « Société anonyme des briqueteries mécaniques d’Aucfer et de Langon » de Redon, propriété d’Auguste Richer. On constate une augmentation de l’activité en 1910 avec un investissement de machines mais toujours dix ouvriers. Le dernier contremaitre mentionné entre 1910 et 1914-1915 est Pierre Gautier. La Société a été rayée des registres des patentes en 1915 et n’apparait plus par la suite. Comme plusieurs autres industries, on peut penser que la fermeture résulte du manque de main d’œuvre lié aux départs des hommes pour le front.
Vers 1926-1933, on trouve mention d’une fabrique Desprès, chemin de Villejean qui pourrait avoir repris l’activité.
On peut regretter de n’avoir pas encore découvert d’autres traces écrites relatives à cette entreprise, notamment les factures à en-tête assez courantes pour l’époque, qui permettraient de mieux cerner les circuits de commercialisation éventuelle et donc d’utilisation de la brique de Villejean.
La brique qui est donnée au Musée de Bretagne vient cependant témoigner de cette briqueterie.

L’une des deux autres briques conservée dans les collections provient d’une forge située rue de Saint-Brieuc, tout près de la briqueterie : la forge ayant fonctionné essentiellement dans les années 1950, il s’agissait probablement de matériaux de récupération.
Don d’une brique de Langon
La briqueterie appartenant initialement à la Société Bignon et Cie est fondée vers 1880. Vers 1900, elle est dirigée par la famille Segent. En 1901, elle aurait été dotée d’une chaudière à vapeur, construite à Nantes par Lebrun et Cormerais. En 1903, elle dépend de la société anonyme des Briqueteries d’Aucfer et de Langon. En 1910, elle est munie d’un four à feu continu (système Hoffmann-Simon, alimenté à la houille). A partir de 1926, la briqueterie est dirigée par M. Barreau père. En 1879, l’entreprise emploie six ouvriers, puis une vingtaine dans les années 1930-1960. La briqueterie interrompt son activité durant la Seconde Guerre mondiale. En 1958, Mme Vve Barreau et son gendre, M. Saindon, prennent la suite. La production alimente la région, notamment Vannes (56) , Nantes (44) et Rennes (35). La briqueterie cesse son activité en 1969. Aujourd’hui, les bâtiments font partie d’une propriété privée et l’ancienne cantine des ouvriers, construite en 1930, abrite une maison d’habitation.
Son implantation ne doit rien au hasard : l’argile du lit de la Vilaine a favorisé dans cette zone une activité importante de briquetage et de tuilerie dès l’époque romaine, en particulier près de l’Étier qui se situe à 600 mètres à l’est du bourg de Langon (ancien bras de la Vilaine, long d’un kilomètre et large de cent mètres).
L’usine est construite à l’entrée du Marais de Rosidel. L’argile, creusée dans les marais, est malaxée, puis moulée et séchée, pour être cuite à 1 800 °C.
Toujours visible, le site industriel enclos dont les bâtiments d’exploitation ont été partiellement détruits est répertorié à l’Inventaire.
Quelques cartes postales d’époque donnent un aperçu du site, mais le musée ne comporte aucun item lié à la briqueterie de Langon dans ses collections : cette brique est donc le premier témoignage de cette activité disparue.

Manon Six.
Novembre 2021.