Des faïences de Louis Delachenal au Musée de Bretagne

Le Musée de Bretagne a reçu un nouveau don de productions du céramiste français Louis Delachenal (1897-1966). Il complète de précédents dons essentiellement constitués de matériel lié à la fabrication des céramiques : moules, outils, matériel de cuisson, essais d’émail, emporte-pièces, notes, etc. auquel avaient été ajoutés des pièces uniques, souvent en grès.

Revenons sur la carrière d’un céramiste qui s’est beaucoup investi en Bretagne. Après un apprentissage dans l’atelier du céramiste Paul Bonifas (1893-1967), Louis Delachenal est embauché en 1924 par la manufacture nationale de Sèvres comme tourneur. Très vite, il devient un élément moteur de l’atelier de faïence auprès notamment de Maurice Gensoli (1893-1973), avec lequel il développe des formes et des techniques (grès tendre) novatrices. Pendant 20 ans, Louis Delachenal occupe une place majeure au sein de cet atelier. La Seconde Guerre mondiale vient perturber cet engagement, et après avoir obtenu un statut d’artiste libre, il quitte définitivement la manufacture en 1946.

C’est par le biais de l’artiste Mathurin Méheut (1882-1958) qu’il fait la connaissance d’Henri Letort propriétaire d’une tuilerie-briqueterie à Saint-Méen-le-Grand. Les deux hommes s’entendent très bien, Letort souhaite élargir ses productions et Delachenal est nommé en 1946 directeur général et artistique du nouveau centre céramique fraîchement créée.

Portrait de Louis Delachenal, anonyme, Saint-Méen-le-Grand, 1954 – CC BY NC ND – Collection Musée de Breatgne, Rennes
Louis Delachenal dans son atelier de Saint-Méen-le-Grand, travaillant sur la statue Notre-Dame de la Providence. A l’arrière plan, on aperçoit les moules de fabrication.

Les pièces produites à Saint-Méen-le-Grand, essentiellement des services de tables et des vases sont hélas présents de manière lacunaire dans nos collections, aucun service n’est complet, ni par la forme, ni par la couleur. Les pièces réunies au fil du temps marquent néanmoins la diversité des collections proposées : les formes et les coloris des services de table frappent par leur modernité.

Tasse, Louis Delachenal, faïencerie de Saint-Méen-le-Grand, faïence, 1948-1961 – CC BY SA – Collection Musée de Bretagne, Rennes

Toutes les formes ont été tournées, puis moulées par Louis Delachenal avant d’être coulées jusqu’à obtenir un rendu parfait. Le céramiste avait un goût marqué pour les pièces unies et épurées, le service le plus décliné a été produit dans dix coloris différents et plutôt novateurs pour l’époque : vert d’eau, corail, noir… Les notes techniques de Louis Delachenal révèlent des calculs extrêmement précis quant aux composantes des émaux, du temps de cuisson, etc. Un service pouvait comporter jusqu’à 74 pièces. En 1956-1957, Louis Delachenal dessine un dernier service dénommé « service Celtic », caractérisé par des lignes courbes et asymétriques, tant sur les assiettes que sur les bols, service qui n’a rien à envier aux meilleures créations des designers scandinaves des années 1950.

L’histoire de cette fabrique aujourd’hui disparue, a marqué la commune de Saint-Méen-le-Grand, pour laquelle elle a constitué une source d’emploi, d’ouverture et été également un lieu de formation pour de jeunes artistes. Ses productions sont représentatives des arts de la table de cette période.

Laurence Prod’homme.

Septembre 2022.

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