La guerre 1914-1918 est une guerre totale : outre les hommes mobilisés au front, l’ensemble de la société civile est concerné.
Les enfants n’échappent pas à cette culture de guerre, à l’école comme à la maison. Il n’est pas rare au sein de la famille de photographier des enfants même en bas âge en uniforme comme cette fillette de quatre mois seulement (!) qui endosse la panoplie du parfait petit soldat : casquette, paquetage sur le dos et fusil en main.

À l’école, le contenu des programmes scolaires est orienté par le discours de guerre. Le dessin d’écolier montre à quel point il y a appropriation de la guerre par les enfants eux-mêmes. Ainsi, ce dessin d’une école de Bénodet (29) nous montre l’affrontement d’un Allemand et d’un tirailleur sénégalais s’exprimant tous deux en breton ! Le premier armé de sa baïonnette s’exclame « tiens voilà pour ton nez » tandis que l’autre se roulant à terre hurle « Aie ai aie aie mes boyaux ».

Enfin, le parcours exemplaire de l’enfant soldat Jean Corentin Carré, natif du Faouët, engagé à 15 ans sous une fausse identité, fantassin dans les tranchées puis aviateur mort au combat, l’érige en héros et en modèle à suivre comme le montre cette affiche diffusée au niveau national dans les écoles.

À sa manière Jean Corentin Carré illustre ce phénomène de société où d’autres enfants, garçons voulant imiter leurs pères ou filles se rêvant infirmières au secours des blessés, se lanceront dans ces fugues que l’on peut qualifier ‘’d’héroïques’’, preuve s’il en est de l’embrigadement des esprits dés le plus jeune âge.
Philippe Dagron.
Extrait de Objets de l’histoire, mémoires de Bretagne, Les collections du musée de Bretagne, éditions Ouest-France, Rennes, 2011.