Lorsque que le lieu de travail est trop éloigné du foyer, ou lorsque la tâche est trop importante pour laisser le temps de rentrer chez soi, on prend son repas ensemble, sur le lieu de travail. C’est le cas des goémoniers peints par Mathurin Méheut. Des femmes, assises à même le sol, se nourrissent sans doute d’une bouillie ou de soupe.

L’affiche touristique des Chemins de fer de l’État montre, de manière romantique, une pratique bien réelle lors de la grande époque de la pêche sardinière en Bretagne : la prise systématique des repas en commun à bord, sur mer ou dans le port, ou à terre, sur la grève, lorsque le bateau est à sec. Le plus souvent, le repas est constitué d’une cotriade, kaoteriad, soupe de poissons agrémentée d’oignons et d’épices, préparée à bord par le mousse et cuite doucement dans un chaudron sur un feu de bois. Les pêcheurs boivent d’abord le bouillon puis mangent le poisson sur un morceau de pain, le tout relevé d’un filet de vinaigrette. Le fumet qui s’échappe des chaudrons est représenté ostensiblement par l’affichiste Alo.

La mer est d’huile, tout paraît calme, cette image illustre bien le moment de détente et de convivialité que constitue le repas, qui est aussi une façon pour les marins de réaffirmer chaque jour la solidarité du groupe.
Fabienne Martin-Adam.
Extrait de Objets de l’histoire, mémoires de Bretagne, Les collections du musée de Bretagne, éditions Ouest-France, Rennes, 2011.