Expérimenter la mise en ligne de ressources documentaires et l’éco-responsabilité : Le site web de l’exposition Celtique ?

L’idée de développer un site web en complément d’une exposition temporaire n’est pas nouvelle pour le Musée de Bretagne. Plusieurs expositions présentées depuis 2006, ont donné lieu à la création de mini-sites dédiés, sans compter les projets menés avec des partenaires. L’objectif d’alors est double : promotionnel et documentaire. La mise en ligne du portail des collections du musée en 2017 a également permis d’affirmer l’engagement du musée vers une mise à disposition croissante de ressources culturelles en ligne, et cela avec une démarche volontariste d’ouverture des contenus, dans la philosophie de l’open content portée notamment par Wikimédia.  Considérant le développement d’un site portail des Champs Libres et la mise en ligne de parcours thématiques sur le portail des collections, le musée de Bretagne ne s’était plus engagé dans la création d’un véritable site dédié depuis 2012.  

Mais alors pourquoi avoir choisi de s’engager dans un nouveau projet de site web dédié à l’exposition Celtique ? (présentée du 17 mars au 4 décembre 2022) ? avec une ambition écoresponsable ?

Le contexte « global » d’abord. La crise sanitaire et ses conséquences sur les établissements culturels (fermeture, ouverture partielle…) ont amené ceux-ci à se poser la question du renforcement de leur présence en ligne, pour « garder le lien » avec leur public. Le Musée de Bretagne souhaitait aussi expérimenter des liens entre le in situ et le on line, le visiteur de l’exposition pouvant ouvrir des fenêtres « numériques » au cours de sa visite.  Néanmoins, force est de constater la difficulté à obtenir des données stabilisées sur les véritables bénéfices/coûts (temps investi, notoriété, impacts sur la fréquentation in situ) de tels projets pour les établissements concernés.

La seconde motivation est liée à la stratégie globale de l’établissement, celle des Champs Libres comme celle du Musée de Bretagne. S’inscrivant dans la dynamique de la mise en ligne du portail des collections en 2017, l’amplification des projets de diffusion numérique reste un enjeu fort porté par le musée, et inscrit dans son projet scientifique et culturel. Dans le même temps, la réflexion en cours aux Champs Libres vers un nouvel écosystème web, avec comme orientation principale « une stratégie pour un numérique soutenable », prend de l’ampleur.  Le projet web Celtique ? s’oriente alors vers une ambition d’écoresponsabilité plus marquée. L’idée est d’avoir un projet pilote sur lequel le musée peut s’appuyer, voire réutiliser des briques, pour des projets à venir.  Pour autant, il ne s’agit pas de systématiser, voire d’industrialiser, la production de site à chaque exposition.  L’équipe du musée convient que l’opportunité d’une production web doit être questionnée à chaque fois au même titre que les autres composantes du projet : médiation, programmation, édition…

Le Musée de Bretagne s’engage donc dans ce projet avec l’approche d’une démarche quasi-innovante car encore assez peu expérimentée et documentée jusqu’alors.

Une organisation dédiée

Pour répondre aux enjeux précisés en amont, le choix retenu a été celui d’un co-pilotage interne innovation/production.  L’expertise web du musée se situe du côté du chargé de mission prospective et innovation, qui se trouve également être le référent musée au sein du groupe projet écosystème web des Champs Libres. Côté pôle production, la cellule production des expositions se voit légitimement attribuer le co-pilotage du projet (via la cheffe de projet de l’exposition, puis la chargée de productions audiovisuelles), par sa capacité à faire le lien avec les contenus et à organiser la production en cohérence, de calendrier et de ressources, avec les autres composantes du projet d’exposition.

L’ Équipe

L’équipe ayant réalisé ce projet était composée côté prestataire de :

Côté Musée de Bretagne, les interlocuteurs privilégiés avec lesquels l’équipe de développement a co-créé le site final étaient :

Adaptation continue du projet

Le projet web Celtique ?  s’inscrit, dès son amorce, dans un plan de charge contraint. Ayant à l’esprit la règle du « moyen constant », le projet va progressivement évoluer dans ses intentions. D’un projet qui devait permettre l’accès à des ressources complémentaires, voire inédites (qui demande un surcroit de production et de coordination éditoriale), il devient un espace « relai » de l’exposition où l’on retrouve les ressources présentées dans une organisation plus propice à la consultation en ligne en amont ou à la sortie de sa visite.

L’enjeu d’un site le plus écoresponsable possible dans un budget contraint a également amené l’équipe du musée à revoir certaines orientations liées à l’aspect interactif et l’attractivité visuelle du site, ainsi que sur l’utilisation raisonnée des médias.  L’un des enseignements retenus par les équipes du musée est alors de considérer qu’un site plus écoresponsable n’en n’est pas moins coûteux qu’un site classique, voire même un peu plus.  Mais il s’agit ici de penser à plus long terme :  un projet moins couteux pour l’environnement, avec des briques réutilisables qui en assurent une certaine reproductibilité…  

Ces adaptations ont pu être intégrées de manière assez fluide grâce à l’agilité et la régularité des échanges entre le prestataire et les équipe du musée, fonctionnant sur le principe de l’itération. Une méthodologie nécessaire dans le cadre de tel projet.

Quelques questions spécifiques soulevées au cours de la mise en œuvre de ce projet

Sur quelle base fixe-ton le niveau d’écoresponsabilité ?

Pour s’engager dans un projet écoresponsable, il importe de se fixer des objectifs chiffrés, et pour cela il faut des indicateurs précis à atteindre. Aujourd’hui, ces données sont encore difficiles à trouver.  Pour le musée de Bretagne, s’engager dans le projet web Celtique? visait donc aussi à capitaliser sur un retour d’expérience, et agréger des données possiblement réutilisables sur des projets futurs, tout en s’appuyant sur l’expertise d’un prestataire expérimenté et soucieux de partager ces connaissances :  https://www.exposition-celtique.bzh/ecoconception/

A qui destine-t-on cette offre ?

 Répondre clairement à cette question avant de s’engager dans le projet permet de mieux définir les critères d’arbitrage en cours de réalisation. Un site écoresponsable est surtout un site qui répond à ses objectifs initiaux, sans éléments superficiels ou autre effet « waouh! ». Dans le cas présent, le site web remplit sa mission d’ouverture et de liens vers des contenus complémentaires sans toutefois proposer sur le site beaucoup plus de ressources que celles de l’exposition. Il est à destination de personnes qui ne pourraient peut-être pas visiter l’exposition mais souhaitent pouvoir approfondir le sujet, sans pour autant être expert.

À quel niveau peut-on se connecter aux ressources présentes chez nos partenaires ?

Proposer un écosystème documentaire enrichi est certainement l’ambition de la plupart des sites web d’exposition. Pour autant, la fluidité du parcours du visiteur ne doit jamais être affectée par le souhait d’une trop grande serendipité des contenus, en sommes le visiteur doit pouvoir flâner sans jamais se perdre. Les cheminements entre les pages ont été mise en évidence pour viser cet objectif.  De même, la valeur écoresponsable d’un site peut être réduite si celui-ci propose des renvois trop systématiques vers des univers web éloignés de ces enjeux. En s’associant à Bretagne culture Diversité via le portail Bécédia, le Musée de Bretagne a choisi un partenaire sensible à ces enjeux, et à même d’apporter des contenus scientifiques ciblés et complémentaires.

Découvrir le site web de l’exposition Celtique ? > https://www.exposition-celtique.bzh/

Découvrir le site de notre partenaire > https://www.bcd.bzh/becedia/bretagne-celtique/

Perspectives

L’ensemble des enseignements recueillis lors de ce projet, tant du point de vue technique que méthodologique, vient aujourd’hui nourrir les évolutions en cours de notre présence sur le web.

L’un des prochains chantiers est celui de la refonte de notre portail des collections en ligne.  Le cahier des charges en cours de rédaction s’inspire déjà en partie des leçons retenues pour viser le maximum d’écoresponsabilité. L’enjeu est élevé puisqu’il concerne une base de données qui comporte aujourd’hui plus de 350000 notices et images associées, avec le souci d’équilibrer le projet entre sobriété du design et qualité des contenus diffusés.

Manuel Moreau.

Janvier 2023.

Pour aller plus loin : le retour des prestataires

Ce retour d’expérience peut servir à :

  • Illustrer ce qu’implique concrètement une démarche d’écoconception ;
  • Diffuser des solutions sobres répondant à certaines problématiques client ou utilisateur ;
  • Éviter à d’autres concepteurs de passer par les mêmes tâtonnements que nous dans leurs projets.

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