Jules Duclos (1824-1879) commence sa carrière à Lorient, place Napoléon où son activité est mentionnée de 1860 à 1878, il la poursuit à Quimper, 38, rue du Quai. Il est marié à Eugénie Foulquier, fille d’Eugène Foulquier, également photographe. Il consacre ses premières années aux portraits avant de s’intéresser aux paysages.

Il bénéficie de commandes dont celles de l’État (Ponts et Chaussées) liées aux grands chantiers et atteste par ses reportages de l’avancement des travaux ; parmi lesquels la construction des phares et les ouvrages d’art liés à l’arrivée du chemin de fer. Ces clichés ont paru dans différents portfolios sous le titre Les travaux publics de la France, édités en 1883.
Certains de ses clichés ont été exposés à l’Exposition universelle de Vienne (Autriche) en 1873 dans la section française qui présentait les grands chantiers effectués entre 1850 et 1870. Le musée conservait jusque là 75 épreuves originales, vues de des sites et de paysages, mais aussi quelques portraits.

Deux photographies du Viaduc de Daoulas viennent compléter une série de vues de Jules Duclos déjà acquises par le Musée de Bretagne autour de la réalisation des lignes de chemin de fer ; la ligne concernée ici est celle qui rejoint Châteaulin à Landerneau, aménagée au profit de la Compagnie des chemins de fer d’Orléans.

La construction du viaduc de Daoulas s’est poursuivie de 1867 à 1873 sous la responsabilité de Louis Philippe Croizette-Desnoyers (1816-1889) : ingénieur, élève de l’école polytechnique puis de l’école des ponts et chaussées, il œuvre plus particulièrement pour les chemins de fer de Bretagne, de Vendée et du Bourbonnais. Il travaille pour la compagnie des chemins de fer d’Orléans, notamment la ligne de Châteaulin à Landerneau. Il est ainsi récompensé, après l’exposition du Ministère des Travaux publics de 1867, d’une médaille d’or pour la construction des viaducs de Port Launay et de Scorff, il est considéré à son époque comme l’un des grands spécialistes dans le domaine des chemins de fer.
Toutes les photographies de cette période témoignent de l’importance des travaux publics en Bretagne durant les années 1860-1890 : construction de ponts, de viaducs, aménagement des voies ferrées, création ou développement des voies navigables, construction d’écluses… Tous ces grands travaux ont considérablement bouleversé les paysages ruraux et urbains de la région.

Compagnies de chemins de fer et société de travaux publics ont pris soin de garder des traces figurées des travaux en cours et achevés. Il existe ainsi des reportages réguliers, confiés le plus souvent à des photographes locaux ; un certain nombre de tirages étaient sélectionnés et montés sur carton avec légende imprimée et mention du photographe pour être diffusés et témoignés ainsi des savoir-faire des compagnies. La photographie horizontale figure le viaduc achevé, vers 1873, alors que l’image verticale porte en légende « détail d’une arche terminée« , on peut donc supposer que le cliché est légèrement antérieur.

Comme toujours sur ce type de photographies, les personnages ne sont guère présents, si ce n’est pour appréhender l’échelle des ouvrages ; il s’agit de valoriser l’ampleur de la construction et derrière elle la virtuosité des ingénieurs à la manœuvre au profit des compagnies.
Laurence Prod’homme.
Janvier 2023.