« Vous m’avez donné un païen, je vous rapporte un chrétien »

Le baptême est le premier des sacrements chrétiens : il gomme le péché originel, fait du baptisé un enfant de Dieu et de l’Église. A partir du 12e siècle, l’Église qui jusqu’alors réservait le baptême aux adultes, encourage désormais celui des enfants. Le plus ancien registre paroissial connu en Bretagne est celui de Roz-Landrieux (Ille-et-Vilaine) qui s’ouvre le 27 novembre 1451 sur le baptême d’une petite Jeanne. En Bretagne, les évêques ordonnent la tenue de registres paroissiaux dès le début du 15e siècle, bien avant que cette règle ne soit appliquée dans l’ensemble du royaume : des registres de baptêmes existent ainsi depuis 1503 à Nevez, 1545 à Lesneven, 1550 à Roscoff… alors que la tenue des registres d’état civil ne sera rendue obligatoire qu’à partir de 1792. Très majoritairement rédigé en latin, l’acte de baptême précise l’identité de l’enfant, celle de ses parents et de ses parrain et marraine, ses date et lieu de naissance ; c’est un document essentiel auquel il sera fait référence tout au long de sa vie lors de son mariage et de son décès. 

Le baptême, Olivier Perrin, début 19e siècle – Marque du domaine public – Collection Musee de Bretagne, Rennes

La mortalité infantile demeure tellement élevée jusqu’à l’extrême fin du 19e siècle, qu’il y a toujours urgence à baptiser le nouveau-né, au plus tard quelques jours après sa naissance. Les enfants qui meurent sans avoir été baptisés sont enterrés en terre non consacrée, ce qui est source de grande angoisse pour les parents ; le baptême intra utérin est autorisé par le rituel romain dès lors que la vie de l’enfant est en danger, les sages-femmes peuvent le pratiquer.

Un baptême, Charles Grimbert, Ile d’Ouessant, 1898 – Marque du domaine public – Collection Musée de Bretagne

Le baptême offre à l’enfant purification et protection, il marque également son intégration dans la communauté familiale et sociale, il renforce les liens de parenté. Au cours du 19e siècle et plus encore au 20e siècle, la fête qui entoure la cérémonie s’étoffe et concurrence le rituel religieux. Les objets du baptême illustrent ce passage : robes blanches, symboles du Christ et de la pureté néanmoins élégantes et ouvragées, bonnets perlés ou de dentelles, cadeaux offerts au bébé.

Robe de baptême, Louannec, 1937 – CC BY, cliché P. Tressos – Collection Musée de Bretagne, Rennes

Les dragées remplacent les fruits secs jetés aux enfants après la cérémonie, pour lesquels on confectionne de petits emballages spécifiques.

Boîte de baptême provenant de la confiserie Billette à Rennes – CC BY, cliché A. Amet – Collection Musée de Bretagne, Rennes

Des images sont éditées et la photographie garde trace de ce jour mémorable.  Aujourd’hui si l’on baptise encore beaucoup les jeunes enfants, le baptême des adultes rencontre aussi de plus en plus d’adeptes.  

Laurence Prod’homme.

Extrait de Objets de l’histoire, mémoires de Bretagne, Les collections du musée de Bretagne, éditions Ouest-France, Rennes, 2011.

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