Parmi les objets les plus fréquemment proposés en don au Musée de Bretagne, la tenue de communiante figure en bonne place : objet porteur d’une forte charge émotionnelle, cette tenue a droit à une attention particulière et est toujours conservé en parfait état.
C’est dans la seconde moitié du 19e siècle que la tenue blanche des communiantes s’impose peu à peu : robe d’organdi, de soie pour les plus riches, voile, gants, couronne ou bonnet, bas et chaussures, aumônière, se doivent d’être d’un blanc immaculé pour les « petites mariées de Jésus ».

Durant un siècle, la communion solennelle marquera le moment important de la vie d’une jeune fille, et même dans les familles les plus modestes on n’hésitera pas à investir dans une tenue à la hauteur de l’évènement. Rite religieux, social et familial, la communion marque le passage de l’enfance à l’adolescence, souligné pour les filles, par cette obligation de pureté et d’innocence, longtemps reprise par l’iconographie saint-sulpicienne.
Après le concile Vatican II, l’Église incitera à davantage de simplicité et de modestie, imposant le port de l’aube commun aux filles et aux garçons, éloignant ainsi l’ambiguïté que pouvaient susciter ces robes de communiantes par trop élégantes.

En Bretagne, le costume blanc est concurrencé par le costume traditionnel : à Rennes en 1870, une jeune communiante porte la catiole à grandes ailes, un châle blanc, mais le reste de son costume est sombre.

Beaucoup plus tard, dans les années 1930, à Quimper ou à Guéméné-sur-Scorff, d’autres jeunes filles sont vêtues du costume traditionnel et des attributs propres aux communiantes (cierge, missel, chapelet), ou encore d’un costume local mais de couleur blanche, ou enfin portent seulement quelques accessoires blancs (bas, gants, tablier) sur un vêtement traditionnel. Quel que soit le costume, il faut en garder trace et la photographie s’impose.

Occasion pour réunir la famille autour de la communiante, le portraitde groupe ou le portrait individuel connaissent un franc succès ; la pose en est très codifiée, la jeune fille agenouillée ou debout près du prie-dieu, missel à la main ou posé devant elle, fleurs blanches à ses côtés, des lys de préférence, son visage est emprunt d’une grande solennité et d’un profond recueillement, l’ensemble orchestré avec force théâtralité.
Laurence Prod’homme.
Extrait de Objets de l’histoire, mémoires de Bretagne, Les collections du musée de Bretagne, éditions Ouest-France, Rennes, 2011.
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