Naître, grandir, vieillir…

Naître, apprendre à marcher et à parler, grandir, se marier, devenir parent à son tour, vieillir puis mourir : autant d’étapes et de moments forts découpant l’existence des hommes et des femmes, que ceux-ci ont accompagnés de cérémonies et de rites marquant notamment les passages de l’un à l’autre.

L’archéologie ne nous a livré que peu d’objets pouvant nous permettre une représentation exhaustive des âges de la vie aux périodes pré et proto historiques. Le moment de la mort est sans doute celui qui nous est le plus connu à partir du Néolithique : oscillation entre inhumation et incinération au cours des millénaires, attestée par des mégalithes, des tombes princières de l’âge du Bronze, des nécropoles d’urnes de l’âge du Fer ou de l’époque gallo-romaine, ou encore des cimetières urbains du Moyen Âge. Le musée de Bretagne conserve des bijoux et des armes, retrouvés dans les tombes pour accompagner les défunts dans l’au-delà ; des céramiques cinéraires ; ou encore deux cercueils d’enfants décédés à Quimper à la fin du 13e siècle.

Cercueil d’enfant provenant de Quimper, 13e siècle – CC BY, cliché A. Amet – Collection Musée de Bretagne, Rennes

N’oublions pas toutefois que la naissance et l’enfance sont également présentes dans les collections archéologiques par le biais de statuettes de déesse mère allaitant ou encore d’un petit hochet gallo-romain.

Hochet gallo-romain découvert à Rennes – CC BY, cliché A. Amet – Collection Musée de Bretagne, Rennes

Les périodes les plus récentes au regard de l’occupation humaine en Bretagne ont a contrario laissé de riches collections d’objets significatifs : des bonnets de baptême et des biberons, des jouets, des robes de communiantes et des costumes de mariage, des cocardes de conscrits, des couronnes de mariée, des placards funéraires…

Verrine ou globe de mariée, 1913 – CC BY, cliché A. Amet – Collection Musée de Bretagne

Pour savoir ce dont témoignent ces objets, quelquefois très décorés, quelquefois plus anodins, pour comprendre les très nombreuses photographies et les quelques films possédés par le musée, il faut nous référer aux travaux des folkloristes et des ethnologues des 19e et 20e siècles. Ils ont recueilli les témoignages et interprété les coutumes, habitudes de vie, traditions, croyances entourant la vie des Bretons et Bretonnes entre la fin du 18e siècle et les grands changements survenus au cours du siècle dernier.

Une autre manière d’appréhender ces modes de vie nous est donnée par les artistes, peintres, dessinateurs, sculpteurs, photographes, qui nombreux ont été inspirés par les noces, les femmes en deuil, les rondes enfantines,…

Nous devons ainsi, entre autres, à Olivier Perrin, peintre dessinateur né à Rostrenen en 1761, un bel aperçu de la vie paysanne des environs de Quimper au début du 19e siècle. Il s’est en effet attaché à raconter dans une série de dessins l’existence d’un membre de cette communauté, Corentin.

La femme en couche, Olivier Perrin, début 19e siècle – Marque du domaine public – Collection Musée de Bretagne

Depuis la seconde moitié du 20e siècle, les symboliques de certains rites de passage se sont considérablement modifiées, voire ont quasiment disparu, du fait de la déchristianisation de la société et l’éclatement des cellules sociales et familiales. Le musée se doit maintenant de distinguer les éventuelles spécificités bretonnes dans la manière d’accueillir les nouveaux-nés, de se marier – ou non -, ou encore d’accompagner les disparus.

Cécile Le Faou.

Extrait de Objets de l’histoire, mémoires de Bretagne, Les collections du musée de Bretagne, éditions Ouest-France, Rennes, 2011.

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