Équilibre – partie 1

Dans le cadre de la résidence d’expérimentation de Yann Peucat au Musée de Bretagne de février 2022 à juin 2023, l’exposition permanente accueille le projet : Le « Voyage Fantastique ».

À partir de photographies choisies dans les collections du Musée de Bretagne, le photographe rennais Yann Peucat crée de nouvelles images, mêlant réalité et fiction, et compose un portrait fantasmé, drôle et décalé, de la Bretagne.

Cette exposition temporaire a donné lieu à un travail de co-construction autour de la rédaction des cartels lors d’ateliers. Découvrez tout au long de l’été l’imaginaire et la créativité des participants ayant contribué à faire vivre les créations de Yann Peucat de manière parfois inattendue, mais toujours sensible.

Ces ateliers d’écriture ont été menés en partenariat avec la maison du livre de Becherel et Virginie David.

Et si,

les falaises bretonnes étaient un terrain de jeu…

Cette photo serait un des premiers clichés instantanés pris en Bretagne.

Le photographe, voulant tester son procédé de prise de vue ultra-rapide, proposa à un acrobate de figer un mouvement sur un des endroits les plus instables qui soient: le pont du diable à Batz-sur-mer. « L’acrobate prit tellement de plaisir à franchir ces obstacles naturels qu’il en fit un véritable art du déplacement»…

Série Les équilibres – Yann Peucat / Tirage noir et blanc / CC BY-SA-NC
 Source – Collection Musée de Bretagne – Le pont du Diable, Bourg-de-Batz (Loire-Atlantique) / Éditions Compagnie des Arts Photomécaniques (Strasbourg), début du 20e siècle / Marque Domaine Public

Équilibre par Odile

Je tremblais de tout mon corps, mais je ne le quittais pas des yeux. Je me suis dit, surtout Colette tu ne cries pas, ça pourrait le faire tomber. Ici à Roz-Ven tout le monde le connaît. On l’appelle « le fou ». C’est un Parisien qui prétend faire de la gymnastique ! Un jour il tombera mais on l’aura prévenu. Faut pas jouer avec le sort.

Ma Roz, mon Ven, par Alexandra

Revenir à toi. Enfin ! Les saisons me traversaient mais je ne vivais que pour l’été. Je ne vivais que dans l’attente de te retrouver, de me réveiller dans la chambre jaune, d’emprunter ton chemin de dunes. Je comptais les grains de sable oubliés entre les pages. Je mesurais les pas qui me séparaient de toi, de ta plage riante, de tes arbres cachés. Tu étais ma rose, tu étais mon vent. Tu étais mon ailleurs évident.

Je me souviens de ce jour sur la photo. Je tremblais de tout mon corps, mais je ne le quittais pas des yeux. Le précipice, le vide, le risque. J’avais besoin de me sentir vivante en arrivant ici, de laisser derrière moi le bouillonnement stérile de leurs conversations. Je n’avais pas peur. Je n’avais peur de rien. Le rocher compliqué était bien ancré, j’étais bien ancrée. Une flèche plantée dans l’azur. Un prolongement à contre-courant. Faire remonter les mots à la surface. Les faire émerger. Leur attribuer une direction. J’étais comme un épi de blé soumis à l’apesanteur, une herbe un peu folle pliant sous le regard amusément effrayé de celui ou de celle qui m’aimait. A Roz Ven, j’étais libre. De penser, de frémir, de désirer. Je savais qu’à Roz Ven, j’écrirais un jour pour toujours.

Par Muriel

« Par les jours de Printemps précoce, aux heures du jour où la terre, dégelé, fume sous le soleil et embaume, j’aime rejoindre la mer et me livrer à toutes les gymnastiques qui vont étirer mon corps et ouvrir mon esprit. La tête en bas j’aperçois l’eau qui clapote entre les roches que j’ai choisies comme promontoires. Les idées qui me chatouillent les pieds dégringolent et glissent jusqu’à mon cou comme une écharpe. Je peux ensuite me remettre d’aplomb et gambader dansante, chahutant sur les escarpes que je rencontre et terminer par des pirouettes sur le sable avant de rejoindre Rozeven qui sous le soleil embaume.

Laisser un commentaire